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Aurorefloreale
Membre
Messages : 5964


Posté à 18h11 le 13 Jun 17

intéressant poème, merci du partage!


Ancienmembre
Membre
Messages : 395


Posté à 18h35 le 13 Jun 17

2 octo parmi les hepta
c'est encore deux fois douze ans
demi-heure , encore deux ans

tout le monde doit dormir
je fais des efforts
bisou


Machajol
Membre
Messages : 5197


Posté à 18h44 le 13 Jun 17

S'il faut faire des comptes ça va être compliqué !!


Aurorefloreale
Membre
Messages : 5964


Posté à 18h46 le 13 Jun 17

Je compte plus de jours pour l'amour pour ma part , cela m'est vital!


Salus
Membre
Messages : 6899


Posté à 19h25 le 13 Jun 17


Et c'est encore Violette qui gagne !
-Finalement, le lot est un sonnet d'été, vieilli en chût de fêne ! (t'en souvient-il)

(Salut, Macha, Salut, Aurore, on vous a réveillé ?)


Salus
Membre
Messages : 6899


Posté à 22h47 le 13 Jun 17


Avant les prochaines "colles", demain, voici, pour Marcek qui négociera les corrections à son retours, avec qui de droit, le texte corrigé (Boileau, d'ordinaire si ennuyeux malgré sa perfection littéraire, a été, ici, touché par la grâce) :



Un quart d'heure de bon temps



L’homme, dont la vie entière
Est de quatre-vingt-seize ans,
Dort le tiers de sa carrière,
C’est juste trente-deux ans.

Ajoutons pour maladies,
Procès, voyages, accidents
Au moins un quart de la vie,
C’est encor deux fois douze ans.

Par jour deux heures d’études
Ou de travaux — font huit ans,
Noirs chagrins, inquiétudes –
Pour le double font seize ans.

Pour affaires qu’on projette
Demi-heure, — encor deux ans.
Cinq quarts d’heures de toilette :
Barbe et caetera — cinq ans.

Par jour pour manger et boire
Deux heures font bien huit ans.
Cela porte le mémoire
Jusqu’à quatre-vingt-quinze ans.

Reste encore un an pour faire
Ce qu’oiseaux font au printemps.
Par jour l’homme a donc sur terre
Un quart d’heure de bon temps.


Nicolas Boileau


Salus
Membre
Messages : 6899


Posté à 16h36 le 14 Jun 17


...Moins de fautes, en ces dernières pages, ce qui est plutôt une bonne nouvelle ! (encore que j'avais, par ailleurs et précédemment, corrigé tout les Lamartine du site, lesquels étaient bien affligés !)
Toutefois, cependant et néanmoins, je puis d'ores et déjà proposer à l'acuité de votre vigilance ce texte de l'excellente M. D. Valmore, inspiratrice des Baudelaire et autres Verlaine, qui comporte une minuscule et grotesque coquille, qui rapportera à son découvreur l'incroyable somme de quatre roubles et demi, payable en zlotys après les six exemplaires dument remplis des formulaires (russes)que vous pouvez retirer au journal, munis de votre attestation d'autorisation pour la mansuétude administrative (à jour)


Les séparés


N’écris pas. Je suis triste et je voudrai m’éteindre.
Les beaux étés sans toi, c’est la nuit sans flambeau.
J’ai refermé mes bras qui ne peuvent t’atteindre,
Et frapper à mon cœur, c’est frapper au tombeau.
N’écris pas!

N’écris pas. N’apprenons qu’à nous- mêmes,
Ne demande qu’ à dieu… qu’ à toi, si je t’aimais!
Au fond de ton abcence écouter que tu m’aimes,
C’est entendre le ciel sans y monter jamais.
N’écris pas!

N’écris pas. Je te crains; j’ai peur de ma mémoire;
Elle a gardé ta voix qui m’appelle souvent.
Ne montre pas l’eau vive à qui ne peut la boire.
Une chère écriture est un portrait vivant.
N’écris pas!

N’écris pas ces deux mots que je n’ose plus lire;
Il semble que ta voix les répand sur mon cœur;
Que je les vois brûler à travers ton sourire;
Il semble qu’in baiser les empreint sur mon cœur.
N’écris pas!





Marceline DESBORDES-VALMORE


Pierre
Membre
Messages : 6469


Posté à 17h47 le 14 Jun 17

J'écale... Si ce n'est l'i pour l'u.
Mais l'or, tôt, gras, ppfff... c'est pas mon fort... dédale... (Hommage aux bas quartiers).


Machajol
Membre
Messages : 5197


Posté à 18h01 le 14 Jun 17

....je voudrai-s- dans la première strophe ?


Machajol
Membre
Messages : 5197


Posté à 18h04 le 14 Jun 17

....absence ....


Salus
Membre
Messages : 6899


Posté à 23h37 le 14 Jun 17


Pierre, qui a repéré "l'i pour l'u", devra partager ses gages avec MachaJol, laquelle nous offre deux pertinentes remarques qui m'avaient échappées : la première, c'est qu'effectivement le conditionnel siérait mieux qu'un futur, et ce sans gêner rien de la métrique ou du sens de ce vers :

"N’écris pas. Je suis triste et je voudrai (s) m’éteindre."

La seconde, c'est l'orthographe bizarre - et fautive - de "abcence", qui, même à l'époque (j'ai vérifié) s’écrivait "absence"

Bravo, donc, et comme je cale dans mes recherches et que notre "chef limier" (Marcek) nous a (provisoirement) abandonné, je fais appel à toutes les bonnes volontés pour trouver, sur la toile ou ailleurs, une version du poème plus conforme à la logique !
(le jeux sera suspendu, en attendant, et toute pièce enrichissant le dossier sera récompensée par des vrais billets de 283 euros, fabriqués à la main, et valables dans toutes les républiques bananières du monde)

A très bientôt, chers amis de l'argent facile et de la poésie exacte !


Salus
Membre
Messages : 6899


Posté à 23h58 le 14 Jun 17


Hourra ! J'ai retrouvé mon bouquin, un vrai livre en papier, d'une édition fiable !

- MachaJol a raison, chapeau pour sa perspicacité, "je voudrais m’éteindre", c'est bien un conditionnel, et "absence" s'écrit bien ainsi !
- Macha gagne un plébiscite général (D'Ourakine), je copie le texte corrigé, et la suite au prochain épisode !



Les séparés


N’écris pas. Je suis triste et je voudrais m’éteindre.
Les beaux étés sans toi, c’est la nuit sans flambeau.
J’ai refermé mes bras qui ne peuvent t’atteindre,
Et frapper à mon cœur, c’est frapper au tombeau.
N’écris pas!

N’écris pas. N’apprenons qu’à nous- mêmes,
Ne demande qu’à dieu… qu’à toi, si je t’aimais!
Au fond de ton absence écouter que tu m’aimes,
C’est entendre le ciel sans y monter jamais.
N’écris pas!

N’écris pas. Je te crains; j’ai peur de ma mémoire;
Elle a gardé ta voix qui m’appelle souvent.
Ne montre pas l’eau vive à qui ne peut la boire.
Une chère écriture est un portrait vivant.
N’écris pas!

N’écris pas ces deux mots que je n’ose plus lire;
Il semble que ta voix les répand sur mon cœur;
Que je les vois brûler à travers ton sourire;
Il semble qu’un baiser les empreint sur mon cœur.
N’écris pas!





Marceline DESBORDES-VALMORE


Marcek
Membre
Messages : 5106


Posté à 00h09 le 15 Jun 17

Coucou chers amis fidèles ! Revenue de la fraîcheur alpine et plongeant ce soir dans l'enfer de la canicule occitane, je vous trouve pleins d'ardeur et piaffant d'impatience à l'idée de débusquer les coquilles jonchant le pré des poètes anciens ! Quel courage ! Je reprends donc des forces, boostée par votre ardeur et dès demain à la fraîche, je me remets au travail !


Salus
Membre
Messages : 6899


Posté à 21h20 le 15 Jun 17


Puisque l'équipe est au complet, nous pouvons mettre en jeu, pour un splendide lot d’authentiques galets de moraine, délicatement striés, le fameux poème de François Coppée, sis à la page 15 des "poésies d'hier" de votre site préféré :
"La grève des forgerons", sur lequel il y aurait beaucoup à dire (notamment sur la philosophie politique du camarade poète) mais dont nous nous contenterons de découvrir l'unique erreur que votre serviteur a pu y détecter, ou plus, si affinité ! (euh ! si il y a d'autres fautes qui m'ont échappées, n'hésitez pas)
- Comme le texte est long, et que les couplets sont indéfinissables, il vous sera demandé le n° du vers incriminé, c'est ennuyeux, faut compter,
mais comment faire ?

Bonne chance.


La grève des Forgerons


Mon histoire, messieurs les juges, sera brève.
Voilà . Les forgerons s'étaient tous mis en grève.
C'était leur droit. L'hiver était très dur ; enfin,
Cette fois, le faubourg était las d'avoir faim.
Le samedi, le soir du payement de semaine,
On me prend doucement par le bras, on m'emmène
Au cabaret ; et, là, les plus vieux compagnons
- J'ai déjà refusé de vous livrer leurs noms -
Me disent : " Père Jean, nous manquons de courage ;
Qu'on augmente la paye, ou sinon plus d'ouvrage !
On nous exploite, et c'est notre unique moyen.
Donc, nous vous choisissons, comme étant le doyen,
Pour aller prévenir le patron, sans colère,
Que, s'il n'augmente pas notre pauvre salaire,
Dès demain, tous les jours sont autant de lundis.
Père Jean, êtes-vous notre homme? " Moi je dis :
" Je veux bien, puisque c'est utile aux camarades. "
Mon président, je n'ai pas fait de barricades ;
Je suis un vieux paisible, et me méfie un peu
Des habits noirs pour qui l'on fait le coup de feu.
Mais je ne pouvais pas leur refuser, peut-être.
Je prends donc la corvée, et me rends chez le maître ;
J'arrive, et je le trouve à table ; on m'introduit.
Je lui dis notre gêne et tout ce qui s'ensuit :
Le pain trop cher, le prix des loyers. Je lui conte
Que nous n'en pouvons plus; j'établis un long compte
De son gain et du nôtre, et conclus poliment
Qu'il pourrait, sans ruine, augmenter le payement.
Il m'écouta tranquille, en cassant des noisettes,
Et me dit à la fin :

" Vous, père Jean, vous êtes
Un honnête homme ; et ceux qui vous poussent ici
Savaient ce qu'ils faisaient quant ils vous ont choisi.
Pour vous, j'aurai toujours une place à ma forge.
Mais sachez que le prix qu'ils demandent m'égorge,
Que je ferme demain l'atelier, et que ceux
Qui font les turbulents sont tous des paresseux.
C'est là mon dernier mot, vous pouvez le leur dire. "

Moi je réponds :
" C'est bien, monsieur. "
Je me retire,
Le cœur sombre, et m'en vais rapporter aux amis
Cette réponse, ainsi que je l'avais promis.
Là-dessus, grand tumulte. On parle politique.
On jure de ne pas rentrer à la boutique;
Et, dam ! je jure aussi, moi, comme les anciens.
Oh ! plus d'un, ce soir-là, lorsque devant les siens
Il jeta sur un coin de table sa monnaie,
Ne dut pas, j'en réponds, se sentir l'âme gaie,
Ni sommeiller sa nuit tout entière, en songeant
Que de longtemps peut-être on n'aurait plus d'argent,
Et qu'il allait falloir s'accoutumer au jeûne.
- Pour moi, le coup fut dur, car je ne suis plus jeune
Et je ne suis pas seul. - Lorsque, rentré chez nous,
Je pris mes deux petits-enfants sur mes genoux,
- Mon gendre a mal tourné, ma fille est morte en couches -
Je regardai, pensif, ces deux petites bouches
Qui bientôt connaîtraient la faim ; et je rougis
D'avoir ainsi juré de rester au logis.
Mais je n'étais pas plus à plaindre que les autres ;
Et, comme on sait tenir un serment chez les nôtres,
Je me promis encor de faire mon devoir.
Ma vieille femme alors rentra de son lavoir,
Ployant sons un paquet de linge tout humide ;
Et je lui dis la chose avec un air timide.
La pauvre n'avait pas le cœur à se fâcher ;
Elle resta, les yeux fixés sur le plancher,
Immobile longtemps, et répondit :

" Mon homme,
Tu sais bien que je suis une femme économe.
Je ferai ce qu'il faut ; mais les temps sont bien lourds,
Et nous avons du pain au plus pour quinze jours. "
Moi je repris :

" Cela s'arrangera peut-être ! "
Quand je savais qu'à moins de devenir un traître
Je n'y pouvais plus rien, et que les mécontents,
Afin de maintenir la grève plus longtemps,
Sauraient bien surveiller et punir les transfuges.

Et la misère vint. - O mes juges, mes juges !
Vous croyez bien que, même au comble du malheur,
Je n'aurais jamais pu devenir un voleur,
Que rien que d'y songer, je serais mort de honte ;
Et je ne prétends pas qu'il faille tenir compte,
Même au désespéré qui du matin au soir
Regarde dans les yeux son propre désespoir,
De n'avoir jamais eu de mauvaise pensée.
Pourtant, lorsque au plus fort de la raison glacée
Ma vieille honnêteté voyait - vivants défis -
Ma vaillante campagne et mes deux petits-fils
Grelotter tous les trois près du foyer sans flamme,
Devant ces cris d'enfants, devant ces pleurs de femme,
Devant ce groupe affreux de froid pétrifié,
Jamais - j'en jure ici par ce Crucifié -
Jamais dans mon cerveau sombre n'est apparue
Cette action furtive et vile de la rue,
0ù le cœur tremble, où l'oeil guette, où la main saisit.
Hélas ! si mon orgueil à present s'adoucit,
Si je plie un moment devant vous, si je pleure,
C'est que je les revois, ceux de qui tout à l'heure
J'ai parlé, ceux pour qui j'ai fait ce que j'ai fait.

Donc on se conduisit d'abord comme on devait :
On mangea du pain sec, et l'on mit tout en gage.
Je souffrais bien. Pour nous, la chambre, c'est la cage,
Et nous ne savons pas rester à la maison.
Voyez-vous ! j'ai tâté depuis de la prison,
Et je n'ai pas trouvé de grande différence.
Puis ne rien faire, c'est encore une souffrance.
On ne le croirait pas. Eh bien, il faut qu'on soit
Les bras croisés par force ; alors on s'aperçoit
Qu'on aime l'atelier, et que cette atmosphère
De limaille et de feu, c'est celle qu'on préfère.

Au bout de quinze jours nous étions sans un sou.
- J'avais passé ce temps à marcher comme un fou,
Seul, allant devant moi, tout droit, parmi la foule,
Car le bruit des cités vous endort et vous saoûle,
Et, mieux que l'alcool, fait oublier la faim.
Mais, comme je rentrais, une fois, vers la fin
D'une après-midi froide et grise de novembre,
Je vis ma femme assise en un coin de la chambre,
Avec les deux petits serrés contre son sein ;
Et je pensai : C'est moi qui suis leur assassin !
Quand la vieille me dit, douce et presque confuse :
" Mon pauvre homme, le Mont-de-piété refuse
Le dernier matelas, comme étant trop mauvais.
Où vas-tu maintenant trouver du pain ?

- J'y vais, "
Répondis-je ; et prenant à deux mains mon courage,
Je résolus d'aller me remettre à l'ouvrage ;
Et, quoique me doutant qu'on m'y repousserait
Je me rendis d'abord dans le vieux cabaret
Où se tenaient toujours les meneurs de la grève.
- Lorsque j'entrai je crus, sur ma foi, faire un rêve :
On buvait là, tandis que d'autres avaient faim,
On buvait. - Oh ! ceux-là qui leur payaient ce vin
Et prolongeaient ainsi notre horrible martyre,
Qu'ils entendent encore un vieillard les maudire !
- Dès que vers les buveurs je me fus avancé,
Et qu'ils virent mes yeux rouges, mon front baissé,
Ils comprirent un peu ce que je venais faire;
Mais, malgré leur air sombre et leur accueil sévère,
Je leur parlai :

" Je viens pour vous dire ceci :
C'est que j'ai soixante ans passés, ma femme aussi,
Que mes deux petits-fils sont restés à ma charge,
Et que dans la mansarde où nous vivons au large,
- Tous nos meubles étant vendus - on est sans pain.
Un lit à l'hôpital, mon corps au carabin,
C'est un sort pour un gueux comme moi, je suppose ;
Mais pour ma femme et mes petits, c'est autre chose.

Donc, je veux retourner tout seul sur les chantiers.
Mais, avant tout, il faut que vous le permettiez
Pour qu'on ne puisse pas sur moi faire d'histoires.
Voyez ! J'ai les cheveux tout blancs et les mains noires,
Et voilà quarante ans que je suis forgeron.
Laissez-moi retourner tout seul chez le patron.
J'ai voulu mendier, je n'ai pas pu. Mon âge
Est mon excuse. On fait un triste personnage
Lorsqu'on porte à son front le sillon qu'a gravé
L'effort continuel du marteau soulevé,
Et qu'on veut au passant tendre une main robuste.
Je vous prie à deux mains. Ce n'est pas trop injuste
Que ce soit le plus vieux qui cède le premier.
- Laissez-moi retourner tout seul à l'atelier.
Voilà tout. Maintenant, dites si ça vous fâche. "

Un d'entre eux fit vers moi trois pas et me dit :
" Lâche ! "
Alors j'eus froid au coeur, et le sang m'aveugla.
Je regardai celui qui m'avait dit cela.
C'ëtait un grand garçon, blême aux reflets des lampes,
Un malin, un coureur de bals, qui, sur les tempes,
Comme une fille, avait deux gros accroche-cœurs.
Il ricanait, fixant sur moi ses yeux moqueurs :
Et les autres gardaient un si profond silence
Que j'entendais mon cœur battre avec violence.

Tout à coup j'étreignis dans mes deux mains mon front
Et m'écriai :

" Ma femme et mes deux fils mourront.
Soit ! Et je n'irai pas travailler. - Mais je jure
Que, toi, tu me rendras raison de cette injure,
Et que nous nous battrons, tout comme des bourgeois.
Mon heure ? Sur-le-champ. - Mon arme ? J'ai le choix ;
Et, parbleu ! ce sera le lourd marteau d'enclume,
Plus léger pour nos bras que l'épée ou la plume ;
Et vous, les compagnons, vous serez les témoins.
Or çà, faites le cercle et cherchez dans les coins
Deux de ces bons frappeurs de fer couverts de rouille.
Et toi, vil insulteur de vieux, allons ! dépouille
Ta blouse et ta chemise, et crache dans ta main. "
Farouche et me frayant des coudes un chemin
Parmi les ouvriers, dans un coin des murailles
Je choisis deux marteaux sur un tas de ferraille
Et les ayant jugés d'un coup d'oeil je jetai
Le meilleur à celui qui m'avait insulté.
Il ricanait encor ; mais, à toute aventure,
Il prit l'arme, et gardant toujours cette posture
Défensive :
" Allons, vieux, ne fais pas le méchant ! "
Mais je ne répondis au drôle qu'en marchant
Contre lui, le gênant de mon regard honnête
Et faisant tournoyer au-dessus de ma tête
Mon outil de travail, mon arme de combat.
Jamais le chien couché sous le fouet qui le bat,
Dans ses yeux effarés et qui demandent grâce,
N'eut une expression de prière aussi basse
Que celle que je vis alors dans le regard
De ce louche poltron, qui reculait, hagard,
Et qui vint s'acculer contre le mur du bouge.
Mais il était trop tard, hélas ! Un voile rouge,
Une brume de sang descendit entre moi
Et cet être pourtant terrassé par l'effroi,
Et d'un seul coup, d'un seul, je lui brisai le crâne

Je sais que c'est un meurtre et que tout me condamne ;
Et je ne voudrais pas vraiment qu'on chicanât
Et qu'on prît pour un duel un simple assassinat.
Il était à mes pieds, mort, perdant sa cervelle,
Et, comme un homme à qui tout à coup se révèle
Toute l'immensité du remords de Caïn,
Je restai là, cachant mes deux yeux sous ma main.
Alors les compagnons de moi se rapprochèrent
Et voulant me saisir, en tremblant me touchèrent.
Mais je les écartai d'un geste, sans effort,
Et leur dis : " Laissez-moi. Je me condamne à mort. "
Ils comprirent. Alors, ramassant ma casquette,
Je la leur présentai, disant, comme à la quête :
" Pour la femme et pour les petiots, mes bons amis. "
Et cela fit dix francs, qu'un vieux leur a remis.
Puis j'allai me livrer moi-même au commissaire.

A présent, vous avez un récit très sincère
De mon crime, et pouvez ne pas faire grand cas
De ce que vous diront messieurs les avocats.
Je n'ai même conté le détail de la chose
Que pour bien vous prouver que, quelquefois, la cause
D'un fait vient d'un concours d'événements fatal.
Les mioches aujourd'hui sont au même hôpital
Où le chagrin tua ma vaillante compagne.
Donc, que pour moi ce soit la prison ou le bagne,
Ou même le pardon, je n'en ai plus souci ;
Et si vous m'envoyez à l'échafaud, merci !



Juillet 1869.
A mon ami Paul Haag


Salus
Membre
Messages : 6899


Posté à 16h39 le 16 Jun 17

Non, 12 syllabes !
(Al-ko-ol, en poésie classique)
(ah, oui, c'est dur à avaler !)

Par contre, précise un peu la suite, pour voir ?

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