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Lasource
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Posté à 18h16 le 26 Jul 17

Note complémentaire sur les fonctions, la thématique, et son rôle dans l’unité d’information.


Les thèmes dans une phrase élémentaire française sont dans un ordre d’importance lié à la rapidité de l’information, pour qui la reçoit.
Je m’explique :
appelons, par commodité, « émetteur » celui qui envoie une information orale ou écrite, et « recepteur » celui qui la reçoit.
Supposons qu’on soit pressé :
On se contente de fournir le thème 1 soit un NON – sujet, cause, actant, comme on voudra.
Par ex. (quelqu’un demande qui est l’assassin:)
- Robert.
Si l’on dispose de plus de temps :
- Robert a tué… thème 1 nominal + thème 2 verbal
Plus de temps encore :
- Robert a tué le bijoutier… 1 + 2 + thème 3 nominal (la victime, l’objet sur lequel s’exerce l’action.)
Enfin si l’on a davantage de temps :
- Robert a tué le bijoutier dans son magasin (+ éventuellement « à huit heures du matin.)
Ici on a les thèmes 1 + 2 + 3 + les thèmes 4 et 4bis (les circonstants)

Moins il ya de thèmes moins l’information est précise pour celui qui n’a pas préalablement la culture (les données préalables) sur l’affaire. En revanche, pour qui est préalablement instruit, formé, cultivé, l’information peut être brève. C’est le cas dans les ordres de l’armée, CF. Sparte et le laconisme légendaire des Lacédémoniens. En revanche, dans le cas inverse, il faut fournir des infos complémentaires pour que le récepteur puisse évaluer celle qu’on veut transmettre (l’essentielle).
C’est le cas du journalisme, dans le cas des articles qui « analysent », et récapitulent donc pour le lecteur ce qu’il doit savoir avant de présenter l’information essentielle. Un journal ne peut se contenter de présenter au public les dépêches de l’AFP.

Bien entendu, je présente les chose « en simplifié » ici également, juste pour expliquer ce que je disais sur la place standard des tronçons de langage dans une phrase de base…

Autre remarque : la langue français est exceptionnelle pour trois raisons :
certains mots désignent des référents de la réalité comme stables à travers le temps.
Ce sont les mots ressortissant à l’ordre nominal. Ils font semblant que leurs référents de la réalité ne changent pas, ne s’usent pas, ne rouillent pas, etc.
Ex. Si je dis « table », je fais semblant que cet objet a toujours été et sera toujours ainsi, il est hors temps. Il est relatif à ce que nous apercevons comme appartenant aux éléments « fixes » du monde.
C’est la nature nominale d’un mot, qui ne s’occupe pas de savoir si auparavant ce fut un arbre, puis des planches de bois, etc. et si un jour ça deviendra un meuble déglingué dans une décharge, qui pourrira peu à peu, etc. La vision du monde nominale voit tout par le prisme de l’éternité.

En revanche, les mots ressortissant à l’ordre verbal expriment le non stable, le fixe, le « en tranformation », en évolution, en mouvement, et…
Ex : Si je dis « [je] mange » je me réfère à un déroulement complexe et successif d’actions nécessaires pour l’acte globla de « manger ».
L’ordre verbal voit le monde comme en tranformation permanente.

Il existes des langues qui n’usent que de mots appartenant à la nature d’ordre verbal :
le Hopi par exemple, qui ignore la nominalité. Là où nous disons : « canoé » le Hopi
emploie un verbe qui signifie approximativement « allant siégeant fendant l’eau ».
Pour un Hopi, nulle science n’est possible puisqu’il n’y a pas de lois fixes dans le fonctionnement du monde toujours en perpétuelle mutation.
En revanche, le mandarin est une langue uniquement nominale, qui ne comporte pas de nature verbale. C’est pourquoi le « Taô » cette impalpable tranformation permanente, innommable dans cette langue, a fasciné la Chine pendant des millénaires. En Chinois, pour monter sur un cheval, j’écrirai en grostrois idéogramme : moi > selle > cheval, et pour descendre je les placerai dans l’ordre inverse.

Pour un Chinois, avant l’arrivée des langues européennes, il n’y avait pas de transformation ni d’amélioration possible des choses, puisque le monde des fils du ciel n’avait pas de lois physiques de fonctionnement qui puissent être pensées en langage adéquat, le Taô étant par essence inaccessible, divin, impensable. Donc pas de « science » façon occidentale. Juste des inventions pratique sans lendemain : on trouve la fusée, mais pas le principe de la réaction. La boussole, mais pas le magnétisme. On grave des planches de caractères pour faire des livres d’estampes, mais c’est Gutemberg qui fait la typographie des caractères d’imprimerie séparés et réutilisables. Etc… Le goût du changement ou de l’exploration est faible, et rare.

L’Europe et le Moyen-Orient en revanche ont bénéficié du génie d’un peuple que nous avons baptisé les Indo-Européens. La caractéristique de leur langue est qu’elle mariait nature nominale et nature verbales pour qu’elles interagissent en « fonctions » grammaticales. Ainsi on pouvait décrire le monde en montrant comment des choses fixes interagissaient par transformations avec d’autres choses fixes, autrement dit comment du « nominal » causal à travers du « verbal » pouvait avoir un effet sur un autre « nominal », et dans quelles circonstances. Ce fut la logique du Grec, du Latin, de l’Arabe, de l’Hébreu, des langues Sémitiques, (pas de l’Egyptien ancien, en revanche, ce qui explique la fixité de cette civilisation), et de toutes les langues qui en sont dérivées, et cela donna une supériorité technique, et plus tard scientifique, aux peuples qui disposaient de ces outils linguistiques à double face. D’où leur évolution foudroyante en trois mille ans jusqu’à ce jour (alors que d’autres civilisations avancées on technologiquement stagné sans « science au sens moderne », durant six milla ans avant Jésus-Christ.). Et partuculièrement, en français, langue la plus logique, donc en laquelle se sont faites la majorité des inventions essentielles de l’humanité jusque vers 1950, ainsi qu’en son dérivé, l’anglo-saxon, et en la langue germanique retravaillée sous l’influence du Latin. Bon, je passe sur les détails.

À cette supériorité s’est ajoutée une trouvaille géniale, dérivée de l’invention mathématique du zéro (indien) représenté par un point, comme on l’a vu. J’abrège :
Cette trouvaille est d’exprimer l’idée de « verbaliser » le non-changement, en faisant semblant que c’est une action. Ce qui s’est traduit par l’existence du verbe « être ». Puis évidemment des verbes dits « d’état » qui désignent des manières d’être, c’est à dire de ne pas changer « activement », rester, demeurer, devenir, paraître, voire exister, etc.
Cette invention a rendu possible le « cod du verbe être », qui n'est pas "objet" malgré sa positon qui suit le verbe conjugué, vu qu'il est la même chose que le sujet, vue autrement, et qu’on a dont distingué du nom d’attribut. L’attribut est la conscience tautologique qu’une chose est ce qu’elle est avec telle caractéristique sur laquelle je veux attirer l’attention :
Ex :
Cette fleur est un coquelicot. Ici le thème 1 et le thème 3 sont la même chose : Ce coquelicot est une fleur.
Si je dis, en comparaison ::
La jeune fille cueille un coquelicot. Le thème 1 est radicalement autre que le thème 3.

Pourquoi est-ce important ? Parce que le verbe être qui permet l’attribut permet l’énoncé scientifique et la tranmission consciente d’informations constantante. Décrire des choses, noter les élément d’une expérience consciemment, et ses résultats, devient possible. Et la logique aristotélicienne du tiers-exclu aussi, d’où toute la civilisation et la technologie modernes sont issues.
Avec l’emploi du verbe être, on peut exprimer et constater (tiers-exclu) que telle chose est ceci ; et n’est donc pas cela.
On attire donc l’attention sur tel point de l’ensemble considéré, on peut distinguer l’élément actif remarquable, celui qui nous intéresse, – ex : le rouge du coquelicot - pour analyser tout phénomène (chose apparaissant aux sens). Ce qui n’est pas possible avec l’adjectif épithète, dont la caractéristique est indistincte du nom : la fleur rouge : est-ce la fleur ou le rouge que je veux désigner ? On ne peut décider.

Je résume : 2 natures de mots, ceux de l'ordre nominal, les noms et cet qui s'y rapporte, et ceux de l'odre verbal, les verbes et ce qui s'y rapporte. Dans l'ordre verbal, le type de verbe normal, exprime l'action. Un type de verbe pluis rare, qui fait "semblant" mais n'agit pas, et dit le non-agir, l'état, la continuité.
La règle de base est : 1 thème nominal, 1 thème verbal, et 2 autres thèmes nominaux. Ordre de la phrase. Ces quatre éléments fournis, pour un "récepteur-détective" de l'information, suffisent à ce qu'on soit informé : c'est à dire que l'on puisse réagir à ce qu'on apprend si l'on le désire. Si l'un de ces thèmes manque, le récepteur n'est pas informé (on lui a juste donné un stock de mots), parce qu'il ne peut rien faire de ce qu'on lui a transmis, (à moins d'avoir en lui préalablement les éléments manquants (culture) qui lui permettront de rendre son savoir utilisable.
Pour qu'un minimum d'éléments produise un savoir utilisable il faut : Thème 1 la cause instigatrice thème 2 l'action de l'événement Thème 3 l'objet qui subit l'effet de l'action.
Ces trois éléments, en principe sont indispensables,
mais il en faut encore un quatrième : le thème 4 Complément avec préposition, soit spatial (et je déduis le temps) soit temporel (je déduis le lieu) soit les deux... qui localise ce qui se passe.


Un savoir non-utilisable n'est donc pas de l'information. C'est juste du "baratin" qui baratine pour faire le beurre de quelque "émetteur escroc". Telle est par exemple la "langue de bois"; ou encore pour le public l'argot spécifique de petits groupes qui n'informe que ceux qui ont les codes (la culture) de tel groupe en question.

J’espère que mes explications terriblement abrégées seront tout de même compréhensibles.


Sylvain2023
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Posté à 10h37 le 27 Jul 17

J'avais pas vu ça :( je vais le décortiquer plus tard :)


Aurorefloreale
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Posté à 10h44 le 27 Jul 17

en effet , il y a de quoi faire!
Merci Lasource!


Marcek
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Posté à 23h15 le 01 Aug 17

J'aurais bien aimé t'avoir comme prof, Xavier ! Tu enseignes toujours ?


Lasource
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Posté à 09h19 le 02 Aug 17

C'est ce qu'ont (je l'dis humblement) toujours dit les milliers d'élèves que j'ai eux, et dont un bon nombre après trente cin ans ou plus me souhaitent par mail mon anniversaires toutes les années (garçons ou filles...de tous les âges,) avec photos et nouvelles diverses. Certains sont du reste devenus des écrivains très connus... Si j'enseigne un peu encore, c'est seulement ici. Pour des gens du reste sans doute assez peu sensibles à ce que j'explique... Mais bon, ici c'est un joyeux moment de détente de temps en temps...


Aurorefloreale
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Posté à 09h25 le 02 Aug 17

Comme je les comprend tous ces anciens élèves qui étaient fou de vous!
Comme c'est beau de pouvoir continuer à partager vis idées et vos conseils sur le site même si nous sommes des élèves un peu dissolus, votre empreinte reste sans se dégager de son contenu!!!


Lasource
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Posté à 09h25 le 02 Aug 17

Désolé, Violette, on ne peut pas trop expliquer le compliqué par du simple. J'ai fait de mon mieux mais en général tout ça nécessite un an de cours pour être assimilé... Bref, on peut vivre sans savoir tout ça. Salut


Aurorefloreale
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Posté à 09h27 le 02 Aug 17

quel énorme travail , merci de le communiquer!


Sylvain2023
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Messages : 892


Posté à 09h29 le 02 Aug 17

1 an ? ça va j'ai le temps alors :)


Lasource
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Posté à 09h52 le 02 Aug 17

La vie est courte et l'art est long, disait Moussorgsky... J'espère que l'essentiel, mon cher Sylvain, te sera clair plus vite...


Marcek
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Posté à 10h01 le 02 Aug 17

Nous sommes heureux de t'avoir ici... Salut


Lasource
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Messages : 4751


Posté à 13h35 le 02 Aug 17

Les cours ça raisonne trop dans les cathédrales ! Salut


Aurorefloreale
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Messages : 5964


Posté à 10h26 le 18 Nov 17

Oui c'est mieux dans un auditoire confortable , je reviens me pencher sur ce cours si complet , qu'il me demande du temps concret pour mieux le parcourir de ces pensées à découvrir l'esprit se faisant large!
Impressionnant de se trouver sous cette ample arche!


Saintes
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Messages : 1614


Posté à 06h58 le 19 Nov 17

J'ai copié coller ta note et jure de m'y accoler un de ces jours. Merci pour la leçon.

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