J’anime un métier pathétique, je suis marchand de Vents… du Nord au Sud.

Il faut pour cela fournir un service irréprochable ! D’aplomb parce que l’homme n’aime pas être pris à rebrousse poils, ensuite parce qu’il cherche toujours son cap vers l’espérance.

C’est un poste à intervalles aléatoires, j’interviens à la demande, à la fois détaillant, grossiste, ou démonstrateur.

Au rendez-vous de la fête du Vent, en périodes d’équinoxes, on peut me contempler en contrechamp ou du haut de la Tour « Marseillaise », tantôt en chute libre ou ficelé aux quatre coins d’une étoffe ailées, dopant ainsi l’assemblée d’onomatopées les plus inattendues. C’est un fidèle support publicitaire aérien!

Tel un artiste dans le vent, et pour gagner un peu de vitesse, je joue de la « bise », quitte à combattre la « risée » et balayer d’un revers de manche « l’auster » des contrées les plus à l’ouest.

Dans la vie d’un marchand de Vents, l’équilibre doit être sans cesse maîtrisé ! J’ai connu un vent célèbre au Royaume des îles unies, il s’appelait Pierre, c’était dans l’ère du vent, un vrai paradoxe ! iI courait sur la cime des vagues sans jamais les rider, et quelques siècles plus tard, Eole le vénérait pourtant comme un Dieu!

Vendre du vent, c’est un état qui exige à la fois de l’excitation et de l’apaisement. J’ai vite compris qu’en testant la lévitation métaphysique je me heurtais à la théorie gravitationnelle, du coup, je suis parti méditer six jours dans les volutes bleues de la couronne australe et croyez-moi ça décoiffe !

S’il m’arrive d’être convoqué par la pression atmosphérique pour résoudre de fébriles défaillances extérieures, je sais m’infiltrer aussi sur le net pour pénétrer l’homme, et je m’essouffle à le guider vers ses issues de secours en cas d’orages organiques.

En d’autres saisons je tempête sur leurs idées noires ou je gifle au passage la brute et le truand, quand je suis en période de réclamation.

Je sais toutes les envies des hommes, et parfois même j’anticipe leurs commandes.

L’été, je me gausse d’affronter le « Brillant » dès l’aube, afin qu’il reste suspendu sur la ligne d’horizon plus longtemps, mais à bout de souffle je m’endors sur l’heure virginale en pétaradant quelques notes graves.

Et puis un jour comme vous, j’arriverais doucement au crépuscule de ma vie, avec une unique obsession… Le dosage.

Deviendra-t-il instinctif comme le vol de nos pensées qu’on synthétise, en cheminant sur les blés mûrs, en modulant notre démesure ? Lorsqu’aux quatre vents nous seront libérés pour rejoindre ce puzzle éthéré, le vide s’installera-t-il en nous ? Plus de mouvement perpétuel ?

Tiens... Voici l’heure du repos qui s’impatiente ! Passons en coup de vent dire adieu à nos amis, à nos clients...et puis stoppons notre trajectoire sur notre enfance... Hooooo un cerf-volant...le cerf-volant, si poussif, qui me fait de l’œil, là-bas… Et puis… Plus rien n’a d’importance… Seul le regard de cet enfant qui tournoie de bonheur, me berce et me porte aux nues.

Attendez-moi, attendez-moi !! "Il me reste encore un peu d’air là… Tout au fond !

Mon Cerf-volant"...

Que d'élans traversent ces vents aléatoires qui nous envahissent de leur air, des vents pour tous les temps s'étendent à l'infini, vents en fureur vents doux qui collèrent ou apaisent , aux quatre vents des saisons s'appuie notre horizon, on continue avec passion à les braver de toute force et passion, ces vents avec alluvions ou avec désillusions .
Le vents constants nous conduisent en guide en mouvement ascendants comme les cerfs volants , on se laisse entraîner par leurs flots en rêvant d'autre temps, ce temps des quatre saisons si fécondant!

Tu as un petit air de famille avec Don Quichotte, Aurore