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Auteurs Messages

Pilar
Membre
Messages : 67


Posté à 19h20 le 16 Sep 17

Chapitre 1, où j’exprime que je ne vois pas le monde comme tout le monde...
Tempête en enfance


« Les années de l'enfance sont immenses.
Chacune est gonflée de temps comme une vie entière. »
René Barjavel, Les Dames à la licorne (1974)

Je me souviens de mon enfance. C’était hier, ou presque. Un jour d’automne la pluie frappa subitement aux carreaux avec insistance. La fenêtre donnait sur la rue Richepin, c’était au rez-de chaussée.
Mariette, ma sœur, travaillait un mémoire pour ses études, et moi, je faisais un jeu électronique en écoutant les âneries débitées par les animateurs de la nouvelle radio des jeunes qui datait maintenant de plusieurs décennies et n’avait sans doute plus grand-chose de vraiment nouveau sauf l’actualité musicale et l’inacceptable manque de respect pour les (faux) auditeurs qui avaient l’innocence (le cas échéant) de téléphoner pour débiter publiquement leurs malheurs.
Mariette est de huit ans mon aînée. En fait je ne l’appelai jamais Mariette mais Fifille, et cela depuis que j’avais entendu mon père l’interpellait ainsi une fois. C’est un des plus anciens souvenirs que j’ai, un de ces moments dont on peine à savoir s’il vient des brumes du passé ou s’il est une simple image, ressassée à chaque fête de famille dans la joie et les rires. Ma sœur s’était prêtée à ce jeu avec amour jusqu’à sa quatorzième année sans rechigner.
Pour tout dire, Fifille, c’était jusqu’à ce mardi, je m’en souviens très bien, où, dans un élan de parole, j’avais osé lui donner ce surnom devant un copain ! Et ce copain, pour qui elle avait un béguin, son premier je crois, s’était mis à l’appeler Fifille en riant à tout bout de champ. Le jour-même cela l’amusa, mais déjà le lendemain ce fut autre chose !
Ce lendemain-là, Fifille rentra de l’école hors d’elle ; dans sa colère noire elle manqua de me fracasser la tête contre le bahut, et pendant deux mois sa vie (comme la mienne) devint un enfer à l’école ! Elle en fut sauvée par les grandes vacances et notre bienvenu déménagement.
Jamais plus je ne l’appelai Fifille et chaque fois que le mot se précipitait pour sortir de ma bouche, venant du temps, transpirant de mon cœur comme une perle de rosée, ma sœur m’assassinait d’un regard vorace. J’appris très vite à ne plus prononcer le petit nom en présence qui que ce soit.
Mais dans mon âme, elle resta Fifille sans que j’y puisse rien, sans que jamais ce petit mot plein d’amour ne perde son aura.
Un jour alors qu’elle était dans sa dix-neuvième année, ma sœur entra dans ma chambre, le visage un peu contrit, tortillant ses mains comme je le faisais alors moi-même pour toutes les grandes occasions. Ma sœur me serra contre elle sans un mot, après un long regard qui me fit alors tout drôle. Je sentais son cœur qui battait contre ma joue. Je crois même qu’elle versa quelques larmes.

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Aurorefloreale
Membre
Messages : 5964


Posté à 19h34 le 16 Sep 17

comme est touchante cette histoire de soeurs à laquelle on se laisse accrocher! Merci!


Pilar
Membre
Messages : 67


Posté à 21h54 le 17 Sep 17

Merci Aurofloréale. heureux


Ancienmembre
Membre
Messages : 391


Posté à 08h57 le 15 Oct 17

merci Pilar

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