Salus
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Posté à 16h28 le 17 May 18
Disgrâce
Pigeonnantes roucoulades,
Colombes dévergondées,
Vous ne m'êtes plus qu’ondées
Douchant mes chastes idées
- Cabrioles et roulades -
Je ne conquiers plus de cœur
(Le mien doit être obsolète)
Plus de fesses, plus de fête,
Plus de fille, même laide,
Qui brûle d’être ma sœur…
Or sans l’ombre d’une dette,
Ne sais mépris ni rancœur !
(Si jamais je fus chasseur,
Je ne piégeais qu’en douceur ;
Un aveu qui pour moi plaide…)
Bah ! les belles, des grisons,
Briguent les sacoches riches,
Et je n’ai, moi, qu’hémistiches
Millionnaires - et des friches -
A proposer d’horizons !
Miss qui seul pour le fric biche,
Protégeant tes floraisons
De tant de fausses raisons,
Tu renforces mes prisons
Quand je te vois qui t’entiches
De n’importe quel crétin
Terne, dont le mot babille,
Alors que partout je brille
D’une obstinée escarbille !
- Pourquoi ce menu fretin ?
Pendant que ta moue étrille
Des poètes le gratin
Que tous admirent (mâtin !)
Pour son vers adamantin :
Moi ! qui, chantre, en chaque fille,
Ferais chavirer l’esprit,
Suivant la courbe des hanches,
En de douces avalanches
De fanfreluches bien blanches !
(Je t’entends déjà qui rit,
A la manière des anges !)
… Pourtant ton œil qui s’éprit
D’un gars nullement spirit',
Gras, pas plus mage qu’éfrit,
Lance des lueurs étranges…
Mais, c’est vrai, je suis chenu,
C’est normal qu’on m’abandonne,
Je ne suis plus qu’un fantôme !
Adieu Gomorrhe et Sodome,
Eros, comme il est venu,
Est reparti, ça m’étonne,
Mais c’est ainsi : - Je suis nu !
Rien qui vaille, à ce menu ;
Pour toutes, moi, l’inconnu,
Je ne suis plus qu’un vieil homme…
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