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Auteurs Messages

Salus
Membre
Messages : 6938


Posté à 16h50 le 17 May 18



Voici un texte d'une pertinence rare, que Violette, qui l'a composé, m'autorise à vous offrir :




Le dernier cercle.

Dans mon imaginaire naïf et schématique, je me suis toujours représenté l’esprit comme une série de sphères concentriques emboîtées en poupées russes, séparées par une membrane plus ou moins perméable, la couche superficielle étant celle de notre contact direct avec l’extérieur, la plus profonde, celle de nos introspections.

Je me suis ainsi plu à imaginer l’état d’éveil, chez le commun des mortels, selon un gradient de conscience. Dans la couche de surface, un bouillonnement d’une inconscience totale, c'est-à-dire une activité réflexe inintelligente, domestique et robotique, durant laquelle nul n’a conscience d’être.
En revanche, enfouie dans le cercle profond, l’ « hyperconscience » aigue. Celle où toutes nos facultés intellectuelles, mnésiques et sensorielles sont présentes, contribuant à nous faire sentir sciemment l’instant et l’espace. Le moi dans son « hyperconscience ».
Entre ces extrêmes, existent nos états vigiles intermédiaires, intelligents mais fondamentalement peu conscients, nous permettant de résoudre les problèmes rencontrés autour de nous. Cette activité déjà plus noble s’exprimant par le biais de gestuelles réflexes, met nos facultés sensorielles et intelligentes intégrées au service de l’extérieur.

Avec l’observation, je me suis amusé à diviser les gens en catégories. « Inconscients » à une extrémité, comme ces millions d’humains sillonnant les ruches urbaines, parfaitement conditionnés à leurs milieux externes, tels des robots, déployant leurs facultés, en doses suffisantes, au besoin, mais ayant l’incapacité de voir en eux-mêmes, leur membrane interne étant relativement imperméable et la stimulation de leur esprit ne pouvant se faire que par et avec l’extérieur.

A l’autre bout du spectre les « hyperconscients », ces chimériques versés dans leur intériorité, distraits le plus souvent, artistes volontiers, mystiques, contemplatifs, poètes ou même, chamanes éblouis. Leur cercle le plus profond, est une passoire laissant filtrer leur introspection prurigineuse, un moi « hyperconscient » devenant leur principal interlocuteur mais le plus souvent ne se manifestant que rarement hors d’eux-mêmes.

Et puis il y a le dernier cercle, l’indéfinissable, celui de la singularité. Celui que très peu fréquentent, celui oú nous transcendons le moi, en y percevant la fuite de l’instant de par notre nature matérielle, non différente de la pierre de la fleur ou du vent, simplement arrangée dans un autre ordre, une autre combinatoire. Et de loin en loin, nous nous y sentons liés par les lois de la physique, car de ces lois découle le vivant et du vivant la pensée, celle de notre moi innocent mais « hyperconscient » qui remonte le cours jusqu'à l’inexplicable, l’indicible, jusqu’au dernier cercle.

De curieux personnages tourbillonnent autour de ce cercle ultime. Ils s’engouffrent dans son abîme sans pouvoir en ressortir intelligibles ou s’en éloignant parce que le vide les horripile. Ce sont les mots.


19 décembre 2010







Aurorefloreale
Membre
Messages : 5964


Posté à 08h27 le 23 May 18

Très précieux écrit , merci!


Ancienmembre
Membre
Messages : 391


Posté à 09h37 le 23 May 18

merci à vous deux
j'y vois mal

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