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Auteurs Messages

Ancienmembre
Membre
Messages : 391


Posté à 13h01 le 22 May 18

(Une rencontre foudroyante en 1895... deux âmes ardentes, deux artistes singuliers, deux intelligences supérieures, deux personnalités atypiques et sans concession... une passion unique jusqu'à la mort prématurée de tonton Marcel en 1905... il avait 37 ans... 10 années d'exaltation et de plénitude, mais aussi de tourments et de trahisons... la maladie mutilante de Marcel, cruelle sentence de lente agonie pour un corps et un coeur brûlants d'Amour... Mireille Schwob)

Lettre de Marcel Schwob à Marguerite Moreno (1895)

" Je tremble encore en t'écrivant. Tu te rends compte de ce que tu as fait ? Tu m'as tué ; je n'existe plus qu'en toi. Ah, chérie, que tu es terrible ! C'est ton âme qui m'a parlé à l'oreille, et elle est différente de toi. Je ne peux l'entendre qu'en fermant les yeux et elle me fera toujours pleurer. C'est la mort qu'i m'a parlé aussi. Maintenant je sais assurément que je mourrai de toi. Je ris de toutes les grandes amantes et des femmes dangereuses ; tu es la seule. Quelle puissance as-tu pour avoir deviné l'irréel dans ma vie et ce qui m'a fait sangloter de joie ? Comment sais-u être divinement douce pour entraîner vers ce qui n'est pas ? Promets-moi que tu me donneras la plus haute volupté qui puisse exister, que tu me tueras dan notre rêve. Notre rêve - toi au soleil, avec ta bouche rouge sous une violette blanche, toi dans les bois neigeux, près de l'étang qui ne reflète pas le ciel, marchant sur des feuilles mortes qui ne sont que de petites ailes rousses d'oiseau. Pitié ! pitié ! Car je ne sais plus dire avec des mots comment tu m'as fait frissonner. J'ai le cœur vide ; toute ma tendresse est en toi - et j'en avais tant ! Je ne pourrai plus avoir pitié de personne au monde. Ne me laisse pas ainsi seul. Tu as vu mon âme, vraiment mon âme, celle que personne ne connaissait, celle dont j'avais honte et qui ne coulait même pas sous les larmes.
Crois que je ne suis pas faible - mais tu es trop forte pour moi - tu m'as terrassé. Que ce ne soit pas un jeu, ou que toi-même, tu me joues contre la mort. Entends-tu ? Tes petites paroles sous tes cheveux sont les degrés tendres de l'escalier par où je descendrai sous la terre. Je ne peux pas te dire que je t'aime. - Ce n'est pas assez fort ; je meurs de toi, et tu me fais mourir de toi. Ecrase-moi sous tes pieds. MARCEL "


Aurorefloreale
Membre
Messages : 5964


Posté à 07h24 le 16 Jun 18

Fort impressionnant!

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