Salus
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Posté à 13h43 le 22 May 18
La ruine
Deux papillons s’entrepoursuivent
Et montent dans le ciel de mai…
Les fins de printemps, où j’aimai,
A l’encre de mon soir s’écrivent.
Crucifiée à ce manoir,
La mémoire illisible! et noir,
Le souvenir que ces clous rivent.
Plus d’un beau songe en a pâti,
Aux couloirs perdus des tours sombres
Où guettent la goule et les ombres
Habitant l’immense bâti.
Ci-dehors, la plaine s’étale,
Dans une obscurité létale,
Au monde morne appesanti…
Entourée ainsi de ses douves,
Mon âme a l’air d’un vieux château ;
Mon âme est croupie à cette eau
Où viennent s’abreuver des louves.
J’aime, en ces dédales, perdu,
Rêver à ce temps distordu
Où, jeune homme, tu me retrouves…
La nuit chassera les regrets
S’accrochant, au détour d’une aile
Effondrée, et l’étoile belle
Rallumera son œil de grès !
Fin de mai, tes douces ténèbres
Me sont les prémices funèbres
D’un feu néant ; vides Ogrés.
Meure au rocher de Prométhée,
Insensible à ce point vernal
Dont l’équinoxe est le fanal,
L’abscisse ordonnée et lestée
Par le poids sûr des émotions
Vives, aux sèves de ces scions,
La demeure alme et dévastée. ..
Le sang de l’aurore, éternel,
Bleuit la profondeur tendue ;
Disparaissant dans l’étendue,
Délicatement, comme un sel
Se résoudrait en de la bruine,
Définitivement la ruine
Se fond en humeurs dans le ciel.
Deux papillons s’entrepoursuivent
Et montent dans un jour de mai…
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Posté à 22h43 le 30 May 18
Comme si Dali avait peint son tableau avec vos mots, Sieur Salus !
Lien internet
Il m'avait inspiré un modeste sonnet (layé, en plus) il y a quelques années... bof... une simple esquisse, à côté
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Posté à 10h32 le 02 Jun 18
Paysage aux papillons
Surgis d’un coin sombre aux relents de soufrière,
Mus par la déraison
Deux papillons s’en vont vers l’orbe en fusion,
Errance meurtrière.
Pourquoi n’ont-ils choisi la limpide lumière
Du lointain horizon,
L’infinie liberté au lieu de la prison,
La lande sans barrière ?
La mort les surprendra, perfide trahison,
Et sans plus de manière,
Ils seront épinglés au front de la cloison.
Leur ombre passagère
Déjà s’évanouit, maudite érosion
De l’instant éphémère !
Adieu beaux papillons…
Oxalys, 2012
D'après le tableau éponyme de Salvador Dali - 1956
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Posté à 11h20 le 02 Jun 18
"Il faut savoir que Dali issu du mouvement Surréaliste, qui avait pour chef de file André Breton, et dont les artistes s’attachèrent à lutter contre tout acte de création raisonné, cultivèrent l’irrationnel, l’étrange, le merveilleux, l’onirique, l’ésotérique, le bizarre et accordèrent une large part à l’inconscient dans leurs créations...
Vois aussi le passage de la relation qu'il entretenait avec la psychanalyse à la freudienne, de même que les codes daliniens qui sont les clés de ce tableau...
"Les papillons" : symbole de l’éphémère et de la transformation. "
... après je pense que chacun y puise ce qu'il veut
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