Soupire, cher cœur !



Séduction, tu brises les murailles
Derrière quoi l'ascète se complaît.
Le cœur ému dans lequel tu travailles
Met à genou l'homme en son minaret.

À tout endroit, la tige de narcisse
Induit le vase où, pour se reposer,
Ce qui recherche enfin l'âme complice
Vibrant de joie, s'offre pour l'adorer.

Que, pour danser, le temps de la jeunesse
Ait son loisir, puisque l'amour s'y tient.
D'autres feront prières, étroitesses
Dévotions... Ce qui reste est le lien.

Que les amants n'aient aucune maîtrise
Fait la beauté des riches sentiments.
L'ordre du ciel jamais ne nous méprise
Quand notre cœur s'offre, complètement.

L'humanité marche sur sa blessure
Et son chemin s'allonge dans l'espoir.
Il n'y a pas de plus grande aventure
Que cet enfant qui court jusques au soir.

Voyez nos yeux flottant sur leur déluge
Quand le récit pleure éternellement :
Aucun radeau n'y transporte le juge
Sinon l'amour, prodige de tous temps.

Pourtant mon cœur, devant ce long voyage,
Craint la noirceur d'être un jour séparé
Du bien-aimé, lorsque d'autres passages
Voient arriver des lions affamés.

C'est un soupir, à peine, dans le rêve,
Présent des nuits de ma fidélité.
Quand, solitaire, au matin qui se lève,
Il me faut croire, ô chère vérité.

Ghazal 192. Hafez de Chiraz
©M.KISSINE – UNE PLUME DANS LA PIERRE – ISBN 9782919390397


Amicalement à vous, <br />
dimanche 14 mai 2017<br />
MK


Ecrit par Madykissine
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