Paresse

Il fait si chaud dans ce pays
Que bien avant qu'il soit midi,
Le gosier sec plus qu'un roseau,
Vu que sa glotte manque d'eau,
Se prend du besoin naturel
De se tourner vers les bouteilles:
Ah ! Qu'il fait bon à la terrasse
De siroter son "pastagasse"
En compagnie de bons copains:

Yavait ainsi Sieur Savournin
Simple, un peu gauche à la manière
De Saturnin mais débonnaire;
Yavait "Cana", malin, sournois,
Qu'on redoutait d'être "Nova "
Pour ne boire que des "Casa";
Yavait ce maçon d'opérettes
Qui nous contait mille sornettes
Y avait encore un ou deux vieux,
Gens de la terre, malicieux,
Qui vous parlaient d'un ton trés bas
De leur passé, de leurs exploits;
Et puis Bébert la mitraillette
Cloué dans l' fauteuil à roulettes.

Lors tous ensemble, on bavardait
Pour aborder tous les sujets
Du dernier concours de belote,
Jusqu'au vicaire et ses bigotes;
On parlait de notre voisin ,
Du temps, des vins, des gens, des chiens;
On supputait de cette fille
Le charme et la sansualité
En évoquant à la "famille"
L'expérienc' qu'on avait puisée;
On parlait d'un point de pétanque
Ou bien des affaires courantes.

On parlait et puis on buvait
Et Théo, le garçon du bar
N'avait pas le temps de s'asseoir;
Sans cesse, il allait et venait,
Versait le pastis et servait
Et sa grimace affectueuse
Etait bien sûr trés connaisseuse .
Ah! Qu'il fait bon à la terrasse
De siroter son "pastagasse"
Avec un gros cube de glace
Et d'étirer notre paresse
D'une langue, ô combien preste!





Ecrit par Louis Vibauver
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