Le vieux garçon

Il avait été joli garçon, un métier dans les mains
Et aussi une mère qui pour le garder près d’elle
Rien que pour elle, tout doucement l’étouffa
Au creux de son sein lourd de possession.

Il ramasse las d’un geste machinal
Les miettes de pain qui trainent sur la table
Et finit d’une goulée le fond de son verre.
Il repousse son assiette, elle servira bien encore ce soir.
Et le boyau d’une andouille qui dessèche
Que même une mouche attardée dans l'automne dédaigne.
Et l’horizon disparaît derrière les champs chargés de brumes.

Il aura passé sa vie à regarder les autres
Souffrir et aimer aussi
Toute une vie à attendre que le temps l’effrite
Que la mort le prenne dans ses bras.
Mais elle tarde la garce, elle a si peu à prendre
Dans ce coin de terre que seul un vol de corneilles égaie.


à G.C.

Ecrit par Ann
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