S'asseoir sur un murgé* les pieds dans les broussailles
Et les doigts enlacés aux rugueuses pierrailles,
Seule avec les lointains où le soleil se meurt,
Seule avec sa pensée et seule avec son cœur ;
Respirer le parfum des herbes attiédies ;
Écouter la cigale, aux lentes psalmodies,
Vibrer parmi les brins séchés des serpolets ;
Voir s'embrumer du soir le vitrail violet ;
Voir s'élever du creux des placides jachères,
En arceaux imprécis, l'encens crépusculaire
Et l'orchis opalin de la lune, aux prés bleus
Du soir, éparpiller son pollen nébuleux ;
Savourer cette odeur de la lande que baigne
Quelque ruisseau muet et filtrant sous les sphaignes ;
Savourer cette odeur enivrante qui sort
Mystérieusement de la glèbe qui dort ;
….
* (er maintenant...)
dans 'Minerva', N°: mai-juin 1902