Le mai d’amour
par Emile NELLIGAN
Voici que verdit le printemps
Où l’heure au cœur sonne vingt ans,
Larivarite et la la ri.
Voici que j’ai touché l’époque
Où l’on est las d’habits en loque,
Au gentil sieur il faudra ça
Ça
La la ri
Jeunes filles de bel humour,
Larivarite et la la ri.
Soyez blonde ou brune ou châtaine,
Ayez les yeux couleur lointaine
Larivarite et la la ri.
Des astres bleus, des perles roses,
Mais surtout, pas de voix moroses,
Belles de liesse, il faudra ça
Ça
La la ri
Il faudra battre un cœur de joie
Tout plein de gaîté qui rougeoie,
Larivarite et la la ri.
Moi, j’ai rêvé de celle-là
Au cœur triste dans le gala,
Larivarite et la la ri.
Comme l’oiseau d’automne au bois
Ou le rythme du vieux hautbois,
Un cœur triste, il me faudra ça
Ça
La la ri
Triste comme une main d’adieu
Et pur comme les yeux de Dieu,
Larivarite et la la ri.
Voici que vient l’amour de mai,
Vivez-le vite, le cœur gai,
Larivarite et la la ri.
Ils tombent tôt les jours méchants,
Vous cesserez aussi vos chants;
Dans le cercueil il faudra ça
Ça
La la ri
Belles de vingt ans au cœur d’or,
L’amour, sachez-le, tôt s’endort,
Larivarite et la la ri.
Nelligan, Émile, 1879-1941 Ce poème a été vérifié et le contenu authentifié.
Poésies complètes
Dépôt légal : © 2002 Éditions TYPO
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
ISBN 2-89295-149-6
Poème posté le 10/05/17
par Claudel