Un chant d'amour
par Pontbriand
Un visage étranger dans ma main affermi,
Un séraphin masqué à la beauté farouche,
Et l’azur douloureux qui couronne ma bouche,
Ne chantez pas ce soir, l’enfant s’est endormi.
Le parfum de la rose et le goût de la cendre,
Le vent froid au dehors qu’enroule un escalier,
Le captif amoureux dans les bras du geôlier,
Ne chantez pas ce soir, car je vais pour l’attendre.
Et quand le soir descend, couché dans les violettes,
Un gamin de seize ans, agrippé à mon cou,
Me baise en souriant avec ses dents de loup,
Un archange se pose à ma bouche muette.
La beauté est passée sur ses pieds de velours,
Sa verge que je bats est plus rude qu’un arbre,
Il se peut qu’elle soit façonnée dans le marbre,
Dis-moi enfant quel dieu forgea ton sexe lourd.
J’ai aimé autrefois un mec venu d’Espagne,
Un rôdeur ténébreux entouré de matins,
Qui disait : O Afrique ! O mes pays latins !
Reverrai-je vos monts, vos forêts et campagnes ?
Toi quand tu seras vieux, quand ta main sera veuve,
Pense à moi si tu peux, à mon corps marqué d’ombre,
Et va pour y trouver loin des fontaines sombres,
Ma jeunesse éternelle égarée dans le fleuve.
*
N’appelle aucun marin, éjacule plutôt
Sur ma langue comblée. Sois le voleur amant
Qui va fouetter mon cul de son chibre fumant.
Sois le dur marinier qui conduit les bateaux.
Sois plus léger au vent que mon œil et la foudre,
Plus agile et plus fort que le bâton d’un pâtre,
Plus joyeux qu’un oiseau enlacé dans le plâtre.
Adore sur ta main mon sperme qui la poudre.
Poème posté le 02/05/18