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Poésie libre / Aamchit
              
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Aamchit
par Joelkerdraon


J’ai jeté au loin le livre sans voix, sans même une déchirure intérieure. Je me suis approché du vide au moment où la lune calme sans colère émergeait au-dessus de la jetée. On n'entendait que la brise dans l'entrebâillement de la porte. Le ciel nocturne commençait son oeuvre sur la côte. La langue de terre apparut plus sombre. Puis les étoiles mêlées aux éclairages comme des guirlandes sur les montagnes. Avec les bercements du ressacs, on sentait tout près le tremblement des camions sur l'autostrade. On ne voyait rien à la surface de la mer. Le port était de petite taille et seul les pêcheurs du village côtier passaient dans ces eaux. Il semblait qu’il n'y avait pas d'oiseaux sur cette mer, plane et lisse. Cela donnait au spectateur une sensation diffuse d' attente , peut-être un miroir reflétant le ciel et l'esprit. A la faveur de l'obscurité semblaient s'évanouir le passé et la force arbitraire des chemins tracés. Je me sentais un élément du monde comme ces marins qui quittent les ports dans la brume, attendant la solitude de l'immensité. Instinctivement je tournais le regard vers le jardin. Demain j'y reviendrai, je m'assoirai un moment après avoir demander l'autorisation au propriétaire d'entrer. Je méditerai devant le bassin aux nénuphars. Je serai saisi par la paix et le silence imposé par le jardin. Les yeux mi-fermés je reconstituerai les couleurs chatoyantes et l'hésitation du soleil sous la ramure des grands arbres. Je douterai de la réalité des choses. Je me découvrirai vocation de jardinier et j'oublierai avec soulagement l'ancien jardin bel et bien perdu. Je ne laisserai pas ma conscience oublier. Plus tard, je me souviendrai, (peut-être devant un café) d’ une liberté nouvelle que j'avais cru inaccessible. Je me tus. En face deux hommes s'agitaient autour d'une barque. Ils en ôtèrent le mât et se disputèrent. Puis ils se posèrent côte à côte sur les blocs de la jetée. Le vide de la nuit nous laissa sans voix.... Ma femme me rejoignit sur le balcon. Ce fut comme une apparition, une odeur délicieuse de peau ensoleillée et de parfum. J'étais aérien. Je savais que dans mon ciel, elle pouvait me briser. L'instant était au présent, elle m'avait offert le Liban. J'oubliai la douleur et la prit dans mes bras... Un autre jardin...

carnet "Voyage au Liban"

Poème posté le 06/07/09


 Poète
Joelkerdraon



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