Par la vitre sale, mélancolie d’hiver,
Un soleil livide traverse le ciel gris
Griffé des zébrures noires des branches d’arbres.
Dans les feuilles mortes les enfants jouent sans bruit.
Parmi les champs stériles les vieux livres répandus
Attendent d’être ensevelis.
Par quels mots conjurer ce désenchantement ?
Quel est donc le starter du moteur des poètes :
Amour, enfance, mort, la compassion chafouine ?
Le grand ordinaire maintes fois ressassé.
L’idée d’être en retard au cocktail, pince fesse
Les verres sont déjà vides, les poivrots enfumés
Répandent leurs sermons et crédos englués,
Zélateurs rétrogrades patelins.
Même cette lumière triste, c’était le soleil noir de Nerval
Les craquelures folles, le délire d’Antonin Artaud,
Et ce miroir mallarméen qui est encore à nettoyer.
Tout a déjà été dit maintes fois.
Pourtant, vois, au delà du fleuve ‘pleurnichard’
L’aube dévoile la lumière cachée
Suintant d’une faible flamme dans du verre.