Ô Dame Amor !
par Ch.Lieb
Ton bal jusqu'à pis hier
Jouait dans mes soupentes
Au son d'une musique
Dont l'ombre déportée
Comptait un pied de biche
En guise de clé de sol,
Cliquetis de pétales
Sur choeur de barbelés...
Ton sourire Manon
Tu me l'avais cédé
Pour une bouchée de pain,
L'ai mâché remâché,
Disputé aux molosses,
A la bave des kapos,
L'ai enfoui sous ma langue
Ton ruban de Möbius...
Je m'en suis fait un noeud
Coulant,
Jusqu'à péremption
De l'élasticité,
En me pendant sans cesse
Aux hampes des drapeaux
Sur fond de staccatos
Des larmes automatiques...
Ton sourire Manon,
Jadis éclaboussant
Comme une pastille de menthe,
Jadis effervescent
Comme un bond d'impala,
N'était plus qu'un bubon sur une flaque stagnante
Que je persistai pourtant à mâchouiller,
Et encore et encore
Même pas dégoûté
Jusqu'à saveur nada,
Sur fond de miradors
De Bergen à Belsen...
Heureusement que ton puits,
Manon,
N'a pas de fond...
Heureusement que demeure
Dans mon placard hanté
Aux fragrances naphtaline,
Ton corps origami...
Heureusement que je puis
Parcourir en pleurant
De mes doigts crevassés,
Tes fibres éoliennes,
Tes veines de peuplier,
Tes rides de sapin,
Et ainsi demeurer
Dans tes petits papiers
Jusqu'à la fin des faims.
Poème posté le 02/08/11