Havre de paix
par Zitoun
Quand, fourbu du combat imposé par ce drame,
Je jetterai aux pieds de la reine des faux,
Dans la résignation mes plus vibrantes armes,
Avant de me laisser porter à l'échafaud
J'entreprendrai alors ce doux pèlerinage
Par les grands feuillus durs qui tendaient leurs brindilles
Pour me hisser vers les rêveries de cet âge
Où j'ai préféré les écorces au jeu de bille...
Je rendrai hommage à leurs drus feuillages verts
Qui devenaient voiles d'un somptueux bateau,
D'où j'affrontais de terribles serpents de mer,
Ces lianes qui descendaient lécher le terreau.
Je poserai serein, mon regard bienveillant,
Sur une barbotteuse aux couleurs des reinettes,
Dont les cris à la douceur du soir, éructant,
En cacophonie font du printemps une fête.
Linotte mélodieuse chante, l'Alouette
Danse sur la fontaine aux clapotis paisible
La salamandre écoute et sort un peu sa tête
Epiée par la vipère, dans les roseaux flexibles.
A partir du point d'eau courent dans la forêt
D'innombrables sentiers où je me suis perdu
Parfois durant des heures, sans jamais être inquiet
J'étais l'aventurier des bois de Montaigu.
Quand je serai fourbu et mon coeur essoré
Des vicissitudes d'une vie bien remplie,
Avant le crépuscule, ô mon site adoré,
Je viendrai te saluer, tu m'offriras un nid.
Poème posté le 29/05/13