Le chapeau de paille
par Charlette
Abandonné au pied du calvaire,
son large bord s'échevelait d'épis,
chuchotant une vieille prière,
destinée au Bon Dieu du crucifix.
Chapeau coiffé par des générations,
tamisant le soleil et la brise,
aucun ne sortait sans sa protection,
sauf pour fréquenter la sainte église.
Pendu souvent à un clou de l'entrée,
au-dessus de deux sabots de guingois,
un petit ruban de soir l'entourait,
de ton varié suivant les villageois.
Il aidait même la châtelaine,
lorsqu'elle coupait ses roses saumonées,
lui évitant d'odieuses migraines,
ainsi qu'un teint trop tôt parcheminé.
Un sage de la bourgade le vit,
gisant dans le thym et le serpolet,
si joli avec sa paille de riz,
qu'il le fit bénir par le bon curé.
Poème posté le 01/08/14