Jean- Roméo, Marie-Juliette
par Rimatouvent
Le bal était venu place de la mairie
Le parquet était mis, l’estrade était debout
Et déjà Jean pensait à inviter Marie
À venir dans sa cour d’où l’on entendait tout.
Un mur dissimulait l’orchestre qui jouait
Ils pouvaient donc s’offrir une nuit magnifique
Dans ce petit jardin d’où l’on ne percevait,
Que la lueur du bal et toute sa musique.
Serrés étroitement ils dansent la rumba
Ondulant lentement sans figure et sans passe
Qui les sépareraient mais respectant les pas
Ils gardent ce contact tendre qui les enlace.
Ils savent que bientôt la cadence câline
Engendrera chez eux des désirs attendus
Et toujours enlacés vers la chambre voisine
Ils iront rattraper tous ces instants perdus.
Ils s’aiment infiniment et ce n’est pas d’hier
Jean aurait bien voulu prendre Marie pour femme
Mais chez les gens d’ici aussi têtus que fiers
N’être pas du pays est une tare infâme.
Vivants d’amour caché ils eurent du bonheur
Mais Marie fut donnée à une gloire locale
Un accordéoniste et organisateur
De bals dispensateurs de joie municipale.
Or tant que la musique enchantait les danseurs
Marie savait l’époux du soupçon incapable
Puis elle allait vers Jean recevoir ses douceurs
Et leur amour secret devenait délectable.
Comme ils n’avaient pas lu Roméo et Juliette
Ils ne pensèrent pas à un fatal destin
Ils n’avaient du bonheur qu’à chaque bal musette
Leur amour était fort autant que clandestin.
Et l’accordéoneux restant dans l’ignorance
Bien que Marie fut blonde et qu’il le soit aussi
Eut des enfants très bruns ; du sort l’insouciance
Avait pris les cheveux de Jean pour ces petits.
Le temps passant un peu, comme à son habitude
Le musicien mourut à la chasse bêtement
Un sanglier fâché à l’éducation rude
Chargea le malheureux au fusil menaçant
Marie dont le chagrin ne fut qu’ostentatoire
Partit avec son Jean Vers un autre pays
Où les familles oublient les anciennes histoires
Et laissent les amours libres du choix du nid.
On dit qu’en la forêt le sanglier tueur
Avait eu du désir pour une laie superbe
Qu’on l’avait empêché dans l’aube et sa lueur
D’aller cueillir des fleurs avec elle dans l’herbe.
Depuis il détestait les chasseurs fanatiques
Qui avaient perturbé ses naissantes amours
Mais pour laisser s’aimer les humains bucoliques
De certaines clairières il faisait le détour.
Poème posté le 03/04/16