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Poésie libre / Le couloir de l’oubli
              
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Le couloir de l’oubli
par Ann


23/04/2015 – Retranchons-le de la terre des vivants et qu’on ne se souvienne plus de son nom ! (Jérémy 11/19) Des deux derniers rangs, s’éleva un souffle de satisfaction et de soulagement. La sentence était enfin tombée sur la tête de l’élu et la Justice rendue après douze ans de procédures comme savent les faire trainer les avocats véreux et les juges fourbissant en conscience leurs décisions, dans des codes de lois rédigés par des législateurs, au service de politiques mégalomanes, âpres au gain et au pouvoir. Cette fois, les effets de manche de l’avocat grassement défrayé par son client pingre mais inquiet comme tous les lâches, trébuchèrent sur les évidences. Point de doutes. Peine mise à exécution immédiate. Suspension de son statut de citoyen ! Les adversaires du prévenu avaient démontré pendant deux longs mandats, les malversations du personnage pourri dès la naissance, jusqu’à la moelle ; des broutilles pour ses victimes bêlantes de crainte et de béatitude calculée. – De l’acharnement, reprenaient en chœur la plèbe ignorante du pedigree de leur menteur. Cet ainé ne se voyait pas trimer aux champs. Il entra par piston au sérail financier du monde agricole. Dans ses loisirs, le subordonné niveau Un intriguait dans les coulisses, à l’ombre des grands et culbutait quelques filles pour son avancement. L’ambition le rongeait, le nabot faisait le beau. Par des circonstances de la chaise vide, il fut élu. Une aubaine pour cet homme sans talent. Il épandit sur son fief son fumier, un fumier puant l’ignominie. Le condamné que la vertu n’avait jamais étouffé, avait perdu en ce jour d’adversité toute son arrogance. Le vieux grigou au dos voûté s’affaissa dans son costume gris de Payne. Son pantalon flottait sur des fesses plates comme une oriflamme en berne. Du fond de la salle d’audience, on ne voyait plus que sa grosse tête parcheminée de fleurs de cimetière. La Justice humaine est par essence imparfaite. La Justice divine est irrévocable, il lui suffit quelquefois d’un léger coup de pouce pour qu’elle fasse sa basse œuvre. L’homme ostracisé rentra bien vite au nid de sa vieille maitresse. Sa cour ingrate l’oublia complétement et les confidences de la vermine animèrent les soirées de comptoir. Il n’avait plus son banc à l’église et Dieu montrait du doigt le pénitent sans âme jamais repenti. Le paria se ratatinait comme peau de chagrin. Sa logeuse, ce soir de vendredi Saint de l’an 2000 et quelques années, d’un revers de plumeau ôta trois grains de poussière qui tombèrent du fauteuil dans deux charentaises vides. C’est tout ce qu’il restait de feu l’indigne qui avait pourtant rêvé qu’on apposa pour la postérité, sa plaque au coin d’une rue borgne. Il avait disparu de la mémoire des hommes quand les cloches ne prirent pas la peine de sonner le glas des morts. Il n’y avait rien à ensevelir. Par mesure d’économie, la veuve donna les chaussons à un mendiant qui passait par là. Ce fut la seule bonne action que le défunt fit de toute sa médiocre existence.

En rangeant les dossiers sur mon PC, j'ai retrouvé un projet laissé en plan : sur la base d'une phrase de la Bible tirée au hasard, écrire un texte. Voici le premier.

Poème posté le 12/08/16


 Poète
Ann



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