Ya pihi irakema
par Pilar
Pour C. évidemment
« J'ai été contaminé par ton être
Une partie de toi y vit et y grandit. »
C'est ce que veulent dire ces mots
En langage des indiens Yanomami,
C'est ainsi que là-bas ils se disent « Je t'aime ».
C'est beau, non ?
" Ya pihi irakema"
Est plus grand que "je t'aime",
Plus riche, plus large, plus lumineux.
" Ya pihi irakema"
Est aussi plus vrai, plus réel.
C'est exactement ce qui s'est produit
Quand nous avons croisé nos regards si longuement,
Sans y avoir pensé, sans l'avoir "voulu",
Regards porteurs d'intention au-delà du "je veux" !
Maintenant, ce " Ya pihi irakema",
Que je découvre,
Correspond plus que tout à mon amour pour toi.
Je souffre évidemment de ton déni malgré toi,
Mais je ne t'aime pas au sens usuel,
Banalement corporel.
C'est ça...
Une partie de toi vit en moi !
Et cela tu ne peux pas le reprendre ;
Oh, je ne t'ai pas fait prisonnière de mon âme,
Non, tu es venue
T'y planter comme une épine,
Y nicher comme promesse d'un bien futur.
D'un grain de sable involontaire
J'ai fait une perle chamarrée et douce
Une perle de lumière, chaleureuse.
Tu m'éclaires du dedans,
(Tu vois, je ne le fais pas exprès...)
Je ris maintenant de ma douleur,
Passée, présente et future,
Car ma certitude de te retrouver,
Un jour,
Fait partie intégrante de mon Réel ;
Je ne peux que t'en aimer davantage...
Et te pardonner ta sévérité,
Ou sans doute, ta cécité.
J'ai habillé le grain de sable,
Je l'ai paré d'un amour inimaginable
Quand d'ordinaire on déshabille l'amante
Pour vivre la sensualité ordinaire.
Je ne dis pas que je ne te voudrais pas nue
Entre mes bras,
Je dis simplement que mon bonheur
Est à la fleur de ma peau,
Mais au-dedans,
Là où tu es en moi.
Et le plus magnifique, divin même,
Est que tu grandis en moi...
J'espère, timidement et humblement,
Être aussi le grain de sable en toi...
Pour l'instant il te gêne, et,
Tu ne sais pas l'habiller, mais,
Lui il niche, là
Où il sait ne point te blesser...
Et je grandis aussi par toi qui m'abrite,
Par toi qui m'héberge ;
Tu le sais au fond de toi...
Je t'aime de plus en plus
Et rien d'un quelconque dénigrement
N'y pourra jamais rien faire contre.
Ne peux-tu, ou ne veux-tu
Me sentir vivre en toi
Comme tu vis en moi ?
Car, je n'en doute pas, si
La profondeur de nos regards échangés
Fut d'égale intensité, alors
Je Suis en Toi,
Je suis en toi parce que ce jour-là
Tu étais ouverte autant que peut l'être un être
Et tu as accueilli le mien.
Bénie sois-tu entre les femmes,
Toi qui porte mon âme en toi,
Toi qui vis en moi comme un bonheur ineffable.
Pour dire je t’aime, les indiens Yanomami en Amazonie disent :
" Ya pihi irakema"
qui signifie : J'ai été contaminé par ton être – Une partie de toi y vit et y grandit.
Citation de David Servan-Schreiber
Poème posté le 15/10/16