Le miroir
par Verbo
Dieu ou diable m'a fait naître comme je suis,
Ni meilleur, ni pire qu'un autre :
Lâche tant qu'on voudra, moins veule, si je puis,
Que Judas, le mauvais apôtre.
Sommes-nous bons chrétiens, qui fuyons les ennuis,
Sans autre intérêt que le nôtre ?
Saint-Pierre jugera, sur le pas de son huis,
Cherchant le bon blé dans l'épeautre.
On s'excuse en pensant qu'il y a pire ailleurs,
S'exonérant ainsi à se faire meilleur.
L'homme n'a de lui que l'image
Qu'il s'en fait par rapport à ce qu'il voit des siens :
Moins de défauts, là d'avantage
Font de lui un géant ou un lilliputien.
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Mon miroir me connaît, sinon mieux que moi-même :<br />
il ne voit qu'un très mauvais fonds ;<br />
mais en bon courtisan, il m'assure qu'il m'aime,<br />
comme tous les faux-amis font.<br />
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Mon oeil est un miroir où je m'estime mieux que je ne suis, regardant les faiblesses des autres. Pascal écrivait que " le moi est haïssable ", surtout " quand il s'agit de celui des autres ", commentait Paul Valéry.
Poème posté le 05/11/16