Ce n'est pas un spleen des aurores d'autrefois,
Un soupir des mots des parfums et des couleurs,
Une adjuration pour affronter les grands froids
Qui pétrifient les muses en une étrange raideur.
Voyez nos jardins glauques aux nuances rouillées,
Les muses aux seins dénudés fantasment toujours,
Et retiennent de leurs mains délicates et givrées
Les lierres de l'été ,comme d’ élégants atours.
Nuages éplorés, hordes tristes et sauvages,
Détrousseurs saisonniers de nos agrestes chemins
Poursuivant branches et leurs feuillages affolées,
Âmes maléfiques, vous avez ruiné nos jardins.
Capes de bruines et écharpes saupoudrées ,
Enveloppes d' un fantomatique paysage.
Emouvants poètes solitaires vous errez
Tout en négligeant de la rime le beau langage
Déméter en des lieux dérobés s’est retirée,
L’étreinte hivernale a délogé la belle,
Frimas et givre ont affolé la divinité
Et l'univers attend le retour des hirondelles.