On s’attribue une image dans l’existence,
On cultive amoureusement son apparence.
Mais au plus profond de nos tripes qu’en est-il,
Mis à part un jeu abstrait aux ruses subtiles.
J’ai toujours été l’exemple d’un homme dur,
Froid, sans cœur, endurci derrière son armure.
J’étais redouté par tous ceux qui m’abordaient,
Il suffisait que je m’exprime, et ils tremblaient.
Pourtant je ne commandais jamais en malices
Rien que de simples demandes sans artifice.
Je ne criais pas, je parlais toujours doucement,
Et j’attendais patiemment les acquiescements.
Je regardais toujours les gens droit dans les yeux,
Cherchant les appétences qu’ils avaient en eux.
Beaucoup, embarrassés, esquivaient mon regard
Inhibés comme des enfants mis à l’écart.
D’autres me fixaient d’un air goguenard, piteux
Comme de paisibles moutons artificieux.
Cherchant à cacher leurs sentiments envers moi,
Où desceller dans mon attitude un émoi ?
Au-dessus régnait vertement la direction
Qui exigeait plus de résultats, plus d’actions
Un calvaire journalier aux pressions multiples
Qu’elle m’obligeait de subir, comme un disciple !
Plus, toujours plus, sans aucune récréation,
Chaque jour subissant les insatisfactions
Des chefs distillant à tout instant leurs affronts,
Pendant que je travaillais comme un bûcheron.
J’ai tenu le coup en rêvant à ma retraite
En pensant aux glas qui sonneraient leur défaite.
Je les écoutais et les regardais toujours,
En dédiant toutes mes pensées à mes amours.
Ma famille en mon cœur était à vie présente
Mes pensées pour eux n’étaient jamais en attente.
J’aspirais à me promener dans les forêts,
Pour le plaisir, sans avoir d’autres intérêts.
Mon image, aujourd’hui que je suis en retraite
Je m’en fou, maintenant c’est chaque jour la fête.
Adieu les soucis de bien paraître en dehors,
Le passé est le passé, pour moi… il est mort !
Daniel LEFEBVRE
05.02.2017