Une légère brise agite ma ramure
Mes feuilles sont autant d’appendices tactiles
Jouant pizzicato et piano un murmure
Qui fait frissonner d’aise mon écorce érectile
Enivrée ce matin du délicat parfum
De mon charmant voisin, un tout jeune tilleul
J’en oublie l’absence d’un érable défunt
Qui me saoulait naguère de ses propos d’aïeul
Je me revêts pour lui d’une rose mantille
Je rougis même un brin coquette un brin mutine
Sous son regard ardent voici le mien qui cille
Je me présente émue, demoiselle églantine.
A qui sait m’approcher avec quelque prudence
Humer les yeux fermés au cœur de mes pétales
J’offre comme la rose une exquise fragrance
Mais pour l’indélicat j’ai l’épine brutale.