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Alcahest
par Salus


Paix des brumes Souffle tiède Douce glèbe Foudre folle ! Des plus profonds du monde Elle sourd C’est l’esprit féminin La montagne et le gour. Minéral ! j'en dirai la splendeur manifeste ; Je chanterai, caillou ! pour que ta sève reste, Et du grain siliceux ferai luire l’éclat… La tectonique vit, grondante sous les plaques, Les karsts, les rifts, le tuf, Moaï des îles Pâques, Les monstres caverneux ; roi de l'Islande : Hekla ! Tout astre et chaque lune, ô masses enfantées ! Et, vrombissant dans l’infini barbare, Antées Extravagants, d’épouvantables arrachis ! J’irai, peignant, j’inventerai le météore ! Pour, au roc chaud des affections, rêver de Laure, Et qu’un Pétrarque étouffe au granit du gâchis, Je descendrai, bien en dessous des cimetières ! Là, vivent en soufflant des cathédrales fières Cet oxygène pur inhalé du Démon ! Sous mes styles de quartz aigus et lapidaires, Je graverai de coins les tables légendaires, De cet obscur message, échu, mais très ancien, Qu’avant Carthage un homme a laissé dans la glaise, Inscrivant l’histoire à son début : la genèse ; La pierre redressée, et le nécromancien ! Aux tabous des ferveurs, je sculpterai pour elle, Des mots nus, verts et crus, l’émeraude est cruelle ! Et la passion renvoie au tranchant du silex… Je parlerai ! du grès épargné des tempêtes, Haranguerai les laves mornes qui rouspètent… Avec, au foie, anxieux examen : si l’ex- Voto gravé, la stèle ardue aux souvenances, S’était brouillé ? sous la boucharde des patiences… Les souvenirs fossilisés restent vainqueurs, Mais dans la grande faille éventrant les planètes, Toute roche est un cœur ! et nos sens malhonnêtes Laissent couler le sable et gardent les rancœurs… De la phéophycée au tendre kieselguhr, Face aux sérénités démentes des galets Roulés par les torrents, des éons égalés, Oserais-je clamer, prophète bien obscur, L’existence du schiste à la pensée unique, L’œil éteint du pavé, vigilance cynique, Ou la voix érodée en harmoniques ronds, Psalmodiant toujours la même mélopée, Insensible au carrier, rogue sous la coupée, Imperceptibles, bas, suintant des Luberons… Ainsi que le menhir peine à nous reconnaître, Je dirai pour finir le songe de cet être Dont rien ne vient troubler le sommeil conscient : Tout silence est de nuit Toute clarté vacarme ! Et tout écrit virgule ! Et toute joie alarme… Tellurienne brillance Au roc voyant Patient.



Poème posté le 08/03/17


 Poète
Salus



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