Saint Georges et le dragon en forêt. par
Albrecht Altdorfer Illustration proposée par Banniange
Les fenêtres de ma maison
Reflètent toutes les saisons,
La mer, la lumière et le vent
Y gravent la fuite du temps.
Sautillantes vagues où plongent les goélands
Dont les longs cris stridents dispersent les nuages!
La valse des marées orchestrée par les vents
Emporte le printemps vers les verts pâturages.
Tout ébloui de joie, le chevalier errant
Pourchasse la rosée dans ces larmes d’amour,
La vallée s’extasie au galop frémissant
Les cheveux de la fée brillent au point du jour.
L’océan apaisé dans ses murmures d’or
Comme un miroir plissé songe aux siècles défunts,
Dans l’éclatant été où vibrent les parfums,
Miroitent sur les flots cent mille boutons d’or.
Le chevalier couché caresse le zéphyr,
Ecoute un bel écho et son âme soupire,
A-t-il vu le reflet dans le ruisseau tranquille
De sa dame implorée aux délicats sourcils ?
Les fenêtres de ma maison
Reflètent toutes les saisons,
La mer, la lumière et le vent
Y gravent la fuite du temps.
A l’est, les rafales et leurs blanches crinières
Viennent tournoyer sur la houle en colère,
Le soleil s’y déploie comme un accordéon
Aux bretelles en or sur l'écume en néon.
Le forêt s’en inquiète car les arbres en pleurs
Versent des pluies rouges où crie l’engoulevent
Le pâle chevalier découvre ses tourments,
La dame est enlevée par un affreux rôdeur.
L’ouragan se déchaîne et la mer est si noire,
Le ciel se fracasse contre un phare assombri,
L’hiver dans son courroux arrache les bougeoirs
Des étoiles navrées qui tombent dans l'oubli.
Le chevalier le sait, il devra affronter
Cet horrible dragon dans la forêt hantée
De son cœur moribond où meurent les années
Pour affermir sa foi et l’amour retrouver.
Les fenêtres de ma maison
Reflètent toutes les saisons,
La mer, la lumière et le vent
Y gravent la fuite du temps.