Bâtons rompus
par Gkak
J'ai très envie, je le confesse,
De t'entretenir... de bâtons !
Non pas du bâton de vieillesse,
Consolation des vieux croutons,
Ni du bâton de pèlerin
Dont le disciple, - c’est son rôle-,
Animé d’une foi d’airain,
Scande la divine parole
Ni du bâton de maréchal
Où chacun tient son plus haut grade,
Ni du long bâton, - l'aiguillade -,
Piquant le bœuf, non le cheval
Ni du noir bâton de réglisse
Par qui les cœurs sont stimulés,
Ni de celui de la police
Qui veut nous faire circuler
Ni du bâton de dynamite
Dont adorent s’emmailloter
Les sunnites et les chiites
Aimant à se faire sauter !
Ni des bâtons rompus qui causent
Souvent à tort et à travers,
Ni de ceux-là, en chêne vert,
Qui ne provoquent qu’ecchymoses
Encor moins du bâton merdeux
Avec qui nul lien ne se crée,
Non plus que du bâton de craie
Qui rend le cancre cafardeux
Ni du bâton du brigadier
Frappant les trois coups du théâtre,
Ni du fourchu qui, au sourcier
Signale l'eau, claire ou saumâtre
Ni même du bâton de rouge
Qui rend tes deux lèvres glamour,
Beau rideau que ta langue bouge
Et qui s'ouvre grand sous l’amour
Car pour toi, Chérie, le plus cher
Au régiment des fiers bâtons
N’est-il pas celui, tout en chair,
Qui martyrise ton chaton ?
Poème posté le 22/05/17