Bien droit encore, les yeux très doux,
Un vieux monsieur rentre chez lui,
Souriant aux passants un peu fous
Que le temps presse, mais pas lui,
Il n'allume pas la télé,
Le monde peut bien s'égorger,
Il est temps de prendre son temps
Et de profiter du printemps.
Et par la fenêtre entr'ouverte
Sur un rosier aux fleurs offertes
On entend comme une chanson:
Le vieux monsieur joue du violon.
Par dessus les murs et frontières
Des vieillards grincheux vitupèrent,
On en parle dans les journaux
Qui jaunissent sur le piano,
La voisine dit "quelle affaire!"
Le curé dit une prière,
Lui leur sourit très doucement,
Il est temps de prendre son temps.
Ceux de la dernière défilent,
Drapeaux, bérets, ils ont raison,
Ceux de la dernière défilent,
Ils n'ont connu que le clairon
Et peut-être la nostalgie
Du bon temps où l'on s'étripait,
Ils disent que c'était la patrie,
C'est leur jeunesse qui s'en allait.
La mort, la guerre, la peine de vivre,
Il a bien connu tout cela,
Et les amours et puis les livres,
Et la vie d'achève, voilà,
Mais l'important était sans doute
Un concerto de Vivaldi,
Un peu à côté de la route
Un vieux monsieur, doucement, sourit.
Et par la fenêtre entr'ouverte.......