Sauras-tu me chérir encor au dernier jour
Lorsqu’à la nuit tombée lourds seront nos sommeils,
Quand l’hiver s’en viendra siffler à nos oreilles,
Blanchissant nos cheveux et ridant nos atours ?
Si même la beauté fugace et virtuose
Ne venait plus charmer le bleu de nos regards,
Sauras-tu m’effeuiller comme le fit Ronsard
Lorsque seront fanés nos ans, comme ses roses ?
Me diras-tu encor, aux lueurs des chandelles,
Quand la lune viendra danser dans nos cheveux
Laissant ses pas neigeux parsemés de dentelles,
Des serments, des secrets et de tendres aveux ?
M’aimeras-tu encor au terme de nos jours,
Quand la nuit, à jamais, dérobera nos ombres
En effaçant d’un trait la marelle des jours,
Bâillonnant nos échos dans le froid de la tombe ?
Je te fais le serment de retenir ma peine
Quand l’oiseau sifflera notre chant du départ,
Car tu seras toujours Rodrigue et moi Chimène,
Même si sont fanées les roses de Ronsard.