Versailles des petits, des sans-noms, des sans-titres
Que tant de morgue écrase et qu'on fouette à loisir
Humbles manouvriers bousculés par des cuistres
Dans cette ruche immense où flambe le désir.
Le désir de paraître et de se faire voir
Près du Soleil vivant que l'on flatte et respecte
Et qui, mégalomane assoiffé de pouvoir
Traite les pauvres gens d'une façon abjecte :
Un valet que l'on roue de coups pour un larcin
Des centaines de gueux mourant dans la détresse
Au bord de ces marais aux miasmes assassins
Qu'il faut bien assécher pour sa divine Altesse
Au mépris de l'humain, ces femmes que l'on force
Jeunesse effarouchée qui n'ose se défendre
Qu'on engrosse et qui geint quand la fragile écorce
De son ventre enfantin en arrive à se fendre.
Un pouvoir effrayant écrase les petits
Devenus paillassons sous les pieds des plus riches
Torturés, déportés, bannis par la "justice"
Ecrasés par l'Eglise à l'énorme appétit
Qui, sous couvert de Dieu, exploite et s'enrichit !
Que les ors des Palais éblouissant les foules
N'effacent pas le sort de ceux qui ont vécu
Pour que les tout-puissants dorment sur leurs écus !
Ils sont si beaux, nos châteaux, elles sont si belles nos églises mais...pensons-nous à tous ceux qui ont trimé pour les construire ?