La poésie et la ville (7) : Convention.
par Saintes
Sur la place Convention les arbres pleurent.
« Pour les vaincre, Messieurs, il nous faut de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace et la France sera sauvée. » Danton.(1)
Quand ici l'histoire me rattrape
Lors il ne s'agit que de vaincre.
Moi-même du présent m'échappe,
Espérant aujourd'hui vous convaincre.
Mais mes mots sont-ils assez forts
Et ma poésie point trop vaine
Pour que le fruit de mes efforts
Fassent matinée plus sereine.
« Nous sommes comptables de la Révolution à l'humanité tout entière. » Thuriot.(2)
Alors dans le feu de la pensée
Brûlant d'espoir, loin de toute honte
J'arrache d'un glaive acéré
Les derniers liens de mes mécomptes.
Oh ! Folle destinée, à qui se fier ?
À l'aveugle et sourde inspiration
Je me dédie simple et entier,
D'agir n'ayons point notre ration.
« De ce jour et de ce lieu date une ère nouvelle dans l'histoire du monde. » Goethe à Valmy.(3)
Alors par cet automne de pluie
Acculé je rassemble mes forces,
Et par la présente qui s'ensuit
À la bienséance fait mon entorse.
Poètes à vos plumes et signez
Avec force et de la plus belle encre,
Vos peurs, vos émois bien alignés,
Dignes du passé ne jetez l'ancre.
« Pendant que vous défendrez la liberté par la force de vos armes, leur dit le président, la Convention la défendra par la force des lois. La royauté est abolie... » À l'unanimité la royauté fut abolie.
(1) Alors que l'armée du duc de Brunswick assiège Verdun.
(2) S'élevant ainsi contre les massacres de septembre perpétués par le peuple de Paris.
(3) Goethe y accompagnait l'armée prussienne en ce premier jour de réunion de la Convention.