Lettre à ceux qui sévissent sur l'écran quotidien
par Rimatouvent
Bonjour mesdames et messieurs,
Vous, pour qui la télé revêt quelque importance,
Ne voyez-vous donc pas partir sa qualité
Par ses rediffusions et sa banalité
Le spectateur déçu relâche sa constance.
De l’étrange lucarne une saine assistance
Serait pour le public juste nécessité
Mais l’écran submergé par la publicité
Fait perdre à l’intérêt beaucoup de consistance
Vous m’en excuserez mais il faut l’avouer
Notre boite à images est à désavouer
Aurait-elle oublié que ses destinataires
Se lassent chaque jour de l’appauvrissement
Des esprits qui se font peu à peu pamphlétaires
Espérant sans succès son enrichissement.
Ayant dû quelques temps être hospitalisé
Je voulus la télé au charme inépuisé.
Mais je n’ai pu trouver qu’un horrible mélange
D’écran sans intérêt et de pub qui dérange !
J’écris donc mon malheur sans excès de manière.
Dans un petit pamphlet, foulant la fourmilière.
Trop de télé = calamité et C.S.A. ! Ce n’est pas ça !
Je veux me plaindre ici de la télévision.
J’ai subis à l’hosto une incarcération
À des fins bénéfiques, mais étant grabataire
J’avais pris la télé afin de me distraire
Ce chewing-gum de l’œil qui bien vite exaspère
Car le plaisant à voir jamais n’y prolifère.
Jouant à saute-boutons, je zappais d’importance
Pour trouver un machin tuant l’indifférence.
Et de truanderies en frasques policières
D’assassins patentés aux mauvaises manières
Je suivis des voyous que madame justice
Projetait en prison exerçant ses sévices.
Je dus quitter soudain l’incroyable spectacle
Trop de flics alcoolos, n’ayant aucun obstacle,
Des ripoux imbriqués dans un vaste projet
Divisé en détails dont on ne voit l’objet
Et des chefs si obtus qu’il faut un subalterne
Pour que l’affaire un jour s’éclaire d’une lanterne.
Bref j’ai cherché partout une image qui plait
Voulant pour ma rétine un modeste bienfait
Mais des animateurs souvent logorrhéiques
Je trouvai peu de chaines aux accents sympathiques
Quant aux shows musicaux frappés de décadence
Ils tuaient les oreilles aux tympans sans défense.
Est ce définitif la chose est–elle notable ?
La télé de chez nous s’est faite misérable
Et la rediffusion d’affreuses platitudes
Du téléspectateur veut la décrépitude
Et ronge sa morale incitant les affreux
À régner sur l’écran devenu désastreux.
Mais on y voit encore d’incroyables momies
Qui animent toujours les mêmes infamies
De ces gens qui ignorent que la retraite existe
Qu’il y a des chômeurs prêts à entrer en piste.
Je lus donc les revues qui donnaient les programmes
Cherchant une beauté dans le flot des infâmes.
Il fallut qu’un artiste ayant de la valeur
Décède pour porter à l’écran mon bonheur
Et rendant un hommage au talent d’autrefois
La lucarne montra un spectacle de choix.
Mais quand le film est bon ou la pièce acceptable
On ménage des pauses au spectateur affable. ?
Il peut de sa prostate soulager le courroux,
La publicité coupe en tranche presque tout.
Les toilettes douteuses et les éviers crado
Vous sont mis en valeur au temps de l’apéro.
Qu’il est plaisant de voir notre grande culture
Portée par la télé en sombre sépulture.
Plus il y a de chaines moins le vélo avance
On y parle une langue étrangère à la France
Les pitres médiatiques s’en foutent éperdument
Ils fascinent les nuls, ça paye énormément.
Vous me direz grincheux, vous êtes d’un autre âge,
Vous voudriez, partout, qu’on fasse le ménage
Qu’on revienne à ces temps où la raison publique
S’enrichissait un peu du feu télégénique.
Mais non ! Ce qui m’étonne, c’est la passivité
Des moutons de Panurge aimant la nullité.
Si vous en méditiez ayant daigné me lire
J’aurais utilement pris du temps pour écrire !
Avec mes salutations les meilleures