Nous avions bu et tu as failli, douce muse,
Te donner à moi.
Te donner : un bien grand mot.
Tu t'es prêtée plutôt à mes caresses,
Tu les as sollicitées, même, je crois.
Tu t'es serrée, tu t'es enfouie en moi
Et tes lèvres ont cherché mes lèvres
Comme un autre verre à boire ensemble.
Pourquoi me suis-je soudain écarté,
Et ai-je refusé de te prendre,
D'aller au bout de notre désir ?
Je ne peux l'expliquer.
Ai-je eu peur de toi, de ton ventre
Que, pourtant, j'aurais voulu connaître ?
Ai-je eu peur de moi, de mes tensions
Qui m'auraient empêché de te conduire à l'ivresse ?
Ai-je eu peur simplement de te perdre, douce muse,
Et de ne plus voir en toi qu'une femme ?
Et toi, pourquoi ne m'as-tu retenu ?
Ai-je été pour toi un peu plus qu'un homme ?
Un espoir de poète ? Un ami ? Un frère ?