Le Serveur
par Prosehack
On pousse les portes d’un bistrot comme celles d’un saloon
En usant de la manière :
Vulgaire entre autre
Grossière, nulle autre.
On est certain de son dû, de sa vertu, nous n’avons qu’à nous asseoir.
En es-tu si sûr, toi l’oublié
Toi : l’austère, le sale
Le domestique.
D’un claquement de doigt on t’appelle, te somme
Tu obéis.
Ta fierté, quelle fierté ?
Tu l’as balancé au crachoir,
Posé au fond d’un urinoir
De toute façon le monde te pisse dessus.
Alors tu cours, sans t’essouffler car tu connais la procédure :
Sourire, courbette, « Bonjour madame, Bonjour monsieur… »
Silence…
« Un café ! »
Silence…
Tu t’attendais à quoi, un salut, un bonjour ?
Oserais-tu même penser à un s’il vous plait ?
Tu rêves !
Ici c’est le monde réel,
Celui où tu n’es rien.
Pourtant tu vaux quelque chose, c’est sûr.
Peut-être pas plus qu’eux, mais sûrement pas moins.
Peut-être n’ont-ils pas remarqué que toi aussi tu es un être humain :
Tu aimes, tu vis, tu souris
Autant de choses qui ne leur sont pas interdit.
Ils ne savent pas que quand tu rentres le soir, ton fils t’applaudit
Ils ne savent pas que quand tu fais l’amour, ta femme te chérit
Ils ne savent pas.
Alors est-ce vraiment important ce qu’ils pensent de toi ?
Puisque l’on est tous semblable
Fais comme eux :
Regarde-les d’en haut car ils sont bas
Et dans ta tête répète-toi :
Je vous « inconsidère » !
Poème posté le 02/11/15