Dérive
par Segal
Dans un vaisseau de grand hasard
J'ai pris la route de la vie
Et j'ai vogué, sans le savoir
Vers le désespoir et l'ennui,
J'ai dérivé ainsi longtemps
De mortes eaux en mortes eaux
Sur le radeau de mes tourments
Mes espoirs filaient en lambeaux,
Ô! J'ai laissé dans mon sillage
Le grand remous de la tristesse
Point de sirène sur mon passage
Pour m'offrir un peu de tendresse.
Dans cette mer toujours étale
J'y ai perdu mes illusions
Et nulle brise dans mes voiles
Ne m'approcha de l'horizon.
Ainsi qu'une vieille carcasse
Rongée par l'âcre désespoir,
J'ai traversé le temps qui passe
La mort me semblait dérisoire.
Je me souviens de certains soirs
Où j'ai prié pour qu'un grand vent
m'emporte loin, loin quelque part
où j'oublierais tous mes tourments.
Même les larmes de mes yeux
N'ont pu grossir les calmes eaux
Et j'ai subi, scrutant les cieux,
Ce lourd tribut tel un fardeau.
Au large de ma solitude
Dans ce noir océan glacé
Un jour, encré de lassitude
Sans grand regret, j'y ai sombré...
Segal
Poème écrit il y a environ vingt ans.
Poème posté le 25/11/11