Cette histoire pourrait être un conte, et pourtant elle a été réalité…
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La nature l’avait faite autrement
Elle était une princesse dans son genre
Mes yeux d’enfant ne comprenaient pas
Pourquoi son dos était différent
Ma sensibilité avait mal pour elle
Je lui demandais souvent si elle souffrait
Avec un sourire charmant...
Elle me répondait : « Non mon enfant !
Mon handicap, je vis avec, ma bosse
Fait partie de moi, je me suis habituée
A marcher la tête baissée, je la relève
Pour m’adresser aux gens
Ne t’inquiète pas, je ne me suis jamais
Préoccupée des regards indiscrets!»
Sa réponse était parfumée de délicatesse
Pour me réconforter et me rassurer
Lorsqu’elle me regardait, son visage pale
Avait la douceur d’un ange
Il exprimait une grande tendresse.
Elle était attentionnée à tous mes gestes
Comme un oiseau, elle me prenait
Sous son aile pour me câliner
Pourquoi ?
Je ne sais pas! Je n’étais que sa voisine
Elle avait beaucoup d’estime à mon égard
C’était réciproque, une amitié était née
Son trop plein d’amour elle me l'offrait
Son âme était maternelle, c’était une vocation
Chez elle
Son plaisir était de rendre visite le matin
A mes parents, elle leur demandait
Si je pouvais l’accompagner à sa promenade
J'avoue que j’attendais ce moment, car je savais
Que j’allais finir l’après-midi chez elle
Qu' elle enfilerait son tablier pour me préparer
Un somptueux goûter
Elle prenait le temps
De me raconter des histoires
Tout en passant ses mains
Dans mes longs cheveux châtain
Elle me disait qu’ils étaient doux
Comme de la soie, bien souvent
Je m’endormais dans ses bras
Puis j’ai grandi, elle a vieilli
La fatigue l’hypnotisait
Elle devait souvent se reposer
J’avais deviné que la fin de sa vie
Arrivait doucement
Je voulais l’aider, et me rendre utile
En lui faisant ses courses, il m’est arrivé
De l’aider à s’habiller et de la coiffer
Elle appréciait ces moments de douceur
Elle ne savait pas quoi faire pour me remercier
Lorsque que je revenais avec mon sac à provisions
Ma friandise était sur la table de la cuisine
Je me souviens, c’était une sucette chocolatée
Qui s’appelait « Choupetta » Comme j’aimerais
Retrouver le goût de ce chocolat
En souvenir de ce moment !
Jusqu’au jour ou ses forces l’ont abandonnée
Elle n’arrivait plus à se lever, j’étais triste à l’idée
Qu’elle allait me quitter
Il était temps pour elle de larguer les amarres
Rejoindre la mer de la sérénité
Ce monde me faisait peur pour elle
Elle me manquait déjà! Les nuits je pleurais
Ce jour, je le redoutais et…Il finit par arriver !
Avant de mourir, elle a eu le temps
De me demander d’avoir de temps en temps
Une petite pensée pour elle, les années ont passé
Je ne suis jamais parvenue à l’oublier
Ainsi va la vie…
Pourtant, elle n’était que ma voisine
Elle avait le prénom d’une Sainte
Je m’évade souvent dans une prière
Pour encore lui dire : « Merci »
J’espère que là-haut, après toutes ces années
Elle reçoit le silence de mes paroles
D.Isabelle