Le ciel est bas Madame, et le temps s’engrisaille
Notre hiver est sans neige et notre été sans jour
Mes rimes hésitantes n’ont plus le même tour
J’aimerais que la vie amplement s’encanaille.
Vous aviez en mon cœur pratiqué une entaille
Et le petit archer sans le moindre détour
Fit un brasier géant qui me parla d’amour
Et n’avait rien à voir avec un feu de paille
Lors comment résister à un ravissement
Bien que de la raison un avis pertinent
Me conseillait d’aimer dans un tendre silence.
Devais-je tempérer et apaiser mon cœur
Voyant des temps vécus la grande différence
Et condamner ma plume à la simple langueur.
*
Avions-nous inventé la joie imaginaire
Dont le doux sentiment s’en vient troubler l’esprit
Vécu les nuits d’orage un chemin qui conduit
Aux sensualités de corps à satisfaire.
De vouloir envouter était-ce nécessaire
Quand l’on n’est pas certain d’en mériter le prix
Pour aimer dans le temps avoir été compris
Est la condition qu’il fallait satisfaire
Le temps qui change tout modifie le futur
Le cœur en funambule de rien n’est jamais sûr
Du verso du miroir on ne connait l’image
Alors me cantonnant dans des songes profonds
J’oubliai vos attraits leurs nocturnes hommages
Et ne sommeillais plus en baisant votre front.
*
Qui de nous est fautif de ce détachement
Ni vous, ni moi, le sort dévia notre route,
Certitude trop brève est le chemin du doute
Les feux durables seuls vont à l’attachement
D’une image idyllique au doux commencement
Vint la banalité sorte de banqueroute
Où l’on se dit des mots que personne n’écoute
Où la faim de l’amour n’est qu’assouvissement.
Sur de nouveaux chemins que le destin sépare
Osons sans nulle aigreur qui mine ou désempare
De liberté, bâtir l’éventuel futur
L’expérience sera un supplément de chance
Pour retournez chacun à un peu plus d’azur
De l’erreur il est temps de fuir la dépendance.