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Une vie
par tofka


Une vie qui ne vaut rien coule chaque jour un peu plus vite, turbulente au fil des écueils effrontément posés par cette infidèle jeunesse, faisant fi du regard de l’ancien qui soudain la scrute et l’accuse... Une vie pour rien à se laisser bringuebaler dans les feintes morbides de l’amour à peine entrevu ! Et la solitude pesante de l’âme inassouvie qui ne veut pas mourir sans savoir pourquoi ! Alors, il se souvint d’une pierre au son creux qui attisa la curiosité de l’enfant vagabond, le forçant jour après jour à la marteler sans répit de son silex. Un trésor, un mystère, qu’importe ! L’outil dans sa main fut celui de l’artisan œuvrant avec courage et persévérance, son ami qui au-delà de la réalité le portait vers ses rêves de grandeur... « La quête est plus importante que l’aboutissement » sera le seul écho qui lui sera revenu en réponse à ses prières ! Il en quitta Dieu, Mahomet, bouddha et tous les seins de dépit. Il mourut un temps pour renaître sans l’avoir vraiment voulu, et recommença. Une vie pour l’autre, un devoir, un sacerdoce qu’il mit à exécution, sans doute, sans espoir non plus. Une Foi de plus dans le néant d’un orphelin. Tout en abnégation, il s’attela au joug de la famille, labourant de tous ses socs l’aride du quotidien pour en faire un oasis de paix et de bons sentiments y semant les graines d’une existence sans peine, sans haine. Que nenni ! Le vent de la misère se rappela à son bon souvenir, celui de son engeance. Un diable de destin qu’une photo sur un miroir lui soumit un jour de lune ensanglantée du dernier souffle exhalé par ses aïeuls disparus. Prends et va ! disaient-ils en espagnol… Oran, année 1938. Main dans la main allaient un grand père et son petit-fils le long de l’allée des oliviers, quelque part dans le nord... de l’Algérie. Deux chti’s du sud en goguette cherchant pour l’un l’évasion, pour l’autre l’initiation. Pour mieux convaincre, Les jupons se dévoilaient de plus en plus au fur et à mesure de leurs pas incertains et l’affichage de leurs maigres bourses. S’enfonçant dans les petites ruelles pas fréquentables, les larrons trouvèrent enfin guêpières à leur convenance et de la peu fière besogne s’acquittèrent… Un vent de misère s’annonçait sous le soleil calme de l’Oranais. De Vichy s’en vint l’annonce discrète d’une fin promise pour les impurs. Inexorable, cruelle et revancharde ! Et passa le temps détestable des guerres… Oran, année 1962. Sur le bateau qui les emmenait vers des horizons plus sereins, mourraient de désespoir les déracinés. Au loin s’éloignaient les tombes de leurs aïeux… Marseille, Paris, Belfort, autant de faux havres que de paroles haineuses les attendaient. Sans le sou, l’échine courbée, ils avançaient vers un destin qu’ils ne maitrisaient plus. Mais même le malheur s’épuise et enfin ils trouvèrent terreau à leurs charrues. Bordée d’une petite rivière, la masure et son petit jardin se révéla comme une terre promise et la vie reprit son cours. Ni les températures glaciales de ces hivers sans fin, ni l’humidité qui rongerait petit à petit la santé de mon père ne venaient à bout de leur entêtement à vouloir reconstruire une histoire pour leur progéniture. D’autres racines, d’autres fruits, un autre monde. Ainsi je trouvais le long de ce cours d’eau, cette pierre qui fit aussi de moi ce que je suis aujourd’hui, l’amant de ce voyage merveilleux qu’est la vie, envers et malgré tout, bercé par l’amour et le regard fier de mes ancêtres. Entends-tu, ami, résonner ce bruit réveillant dès le petit matin les oiseaux endormis dans la campagne apaisée ? Un vieillard qui frappe de son silex la roche pour se rappeler le sens de son existence. C’est le son de l’espoir qui sonne le glas de la mort. Pas de Dieu, pas de Diable, juste la foi d’un simple quidam qui ne faisait que passer et te salue… Tofka



Poème posté le 29/05/15


 Poète
Tofka



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