NOUVELLE
C’était un vendredi soir, fin Octobre, je rentrais en voiture du bureau, heureuse du week-end, mais énervée par une pluie battante et un vent à décorner les bœufs. Vingt-cinq kilomètres, une heure de route. Le temps de chercher à me garer,
Je vois un homme mendier, appuyé sur le mur de la mairie.
Quoique pressée,………..
Est monotone mais bien venu
Ce soir d’automne dans son mystère.
Seul, dans la rue, déconvenu
Fantôme « éclair » cet homme qui erre.
Pour tout bagage une gibecière
Bien épaulée en bandoulière
Sur sa gabardine anthracite,
L’homme dégrisait sa vie « d’ermite ».
Voûté sur le geste maladroit
Du contre poids de son bras droit,
Il quémandait un peu d’égard,
Mettant sa voix dans son regard.
Passager étranger suppliait sans fin :
« Je n’ai rien à manger, s’il-vous-plaît, j’ai faim »
Je ne peux rester sourde à ce saignant appel :
« Attendez moi, je pars faire quelques courses, afin
De vous rapporter un simple « coupe-faim »
Je reviens, cherchant « mon vagabond » !
Désappointée, constate son faux bond.
Le pain, le jambon dans la main
Restaient muets sans lendemain.
Acte sans croix s’évanouit dans les airs ;
Il échoit en prière vers l’univers,
Car ma voix parlait haut-de-là du don
En grelots de regrets était le son.
Entr'acte en ma vie faisait rebond !
Qu’est devenu « mon pauvre », « mon vagabond »
Au regard du très fond de l’océan
Où se noie tristesse voilée de néant ?
J’ai su longtemps après que mon errant,
Cet homme courbé, mendicité pleurant,
N’avait plus si faim, n’avais plus très soif
Avait un bon toit, n’avait plus sa coiffe !*
C’était un prisonnier tout en cavale
Qui a retrouvé l’ombre, peut-être moins pâle
Après un regard sur lui en arrêt,
L’évadé de la prison de Muret.*
Polymnie2, ce 3 Juin 2015
Coiffe = n’avait plus son masque.
Muret = 12 km de Toulouse.