Jamais plus le même regard
en sa chaude intensité,
jamais plus, sous la natte tressée,
le pouvoir infini des choses qu’il observe,
ni le bleu de ses rêves,
ni l’or pur des soleils,
mais l’angoisse des pas
feutrés dans la savane,
mais la lueur des yeux
des fauves dans la nuit
et les claquements d’armes
couvrant ses tremblements
au destin implacable.
Encore bien des rancunes,
des espoirs incomplets,
des souvenirs diffus,
des vies inaccomplies,
un cœur inquiet qui bat
au cœur du grand désert
et la vie qui se meurt,
emportant sans regret
toutes les peurs enfouies.
Voici l’heure où le sage,
bercé par ses oublis
abolit les combats,
neutralise l’affût
et ses luttes tribales,
désarme le soldat
au rythme des tam-tam
et chantant haut sa joie
joue de ses vieux doigts usés
sur un djembé troué
tout prêt à rendre l'âme.