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La mouette et son frère
par Maninred


(Fable) Une mouette rieuse au sortir de l’hiver, Inquiète par la longue absence de son frère, Osa s'aventurer à l'intérieur des terres Vers des cieux inconnus, éloignés de la mer. Elle se souvenait d’avoir vu Séraphin Partir plein d’illusions vers ces contrées stériles, Abandonnant la pêche et le menu fretin Pour des rêves pompeux, aux bombances faciles. Après un temps de ciel et d’enquêtes patientes, Notre mouette futée reconnut le manquant : Embrassades du bec, retrouvailles charmantes L’ainé sentait mauvais mais semblait bien portant. «Je suis vraiment ravi ô ma belle soeurette De te voir en beauté et en tous points gracile, Pour fêter ta venue je t’invite de fait A un bon gueuleton : on va dîner en ville !  » Et les voila partis, en quête de poubelles Dans les arrière-cours de mille estaminets. Les déchets très nombreux laissaient une part belle Au frère bouffe-tout, sans cesse insatisfait. Elle, plus en retrait devant cette pitance, Rechigne à se nourrir de mets malodorants. D'autant plus que manger se fait en concurrence Avec d'autres oiseaux, des chats et des manants. Son frère rassasié, les voilà qui dissertent Evoquant l'océan et les pêches fournies Dont ils s'étaient repus près des îles désertes, Non loin du bel endroit où ils avaient grandi. " - Pourquoi négliges-tu les plages azurées Et les courants marins de la mer indocile ? Tu pourrais revenir et tous nous rassurer, En choisissant compagne et logis sur notre île. " « - Ah ma petite soeur… Ici rien ne me manque Et mon bel embonpoint est là pour le prouver. Je pense avoir trouvé bien mieux qu’une calanque, Plus d’efforts à fournir, plus de vents à braver. Il est vrai que je paie ces nombreuses agapes Par un souffle plus court, des vols plutôt bancroches, Je tousse un petit peu et c’est un handicap D’avoir perdu l’essor pour rejoindre mes proches . Vous me manquez un peu, je l'avoue humblement Le parfum des embruns me fait parfois défaut, J'ai de nouveaux amis qui me font par moments Oublier mes regrets la mer et ses rouleaux. Reste petite soeur ! Tu aimeras ce monde ! Ici la bonne chère est à portée de bec. Pas besoin de plonger dans les ondes profondes : Si les mets sont nombreux, on reste bien au sec." « - Ah non mon Séraphin, rétorqua la soeurette, A la table dressée, je préfère la mer, Les poissons frétillants à leur triste squelette, A la promiscuité, les espaces ouverts. D'ailleurs il se fait tard, je dois m'en retourner Au bout de la jetée où les mouettes exultent Où l'on rêve en planant, où l'on joue à pêcher, Loin des âcres fumées et des nuisants tumultes. » Tout en lui promettant de donner des nouvelles, Le frère assez ému vit partir sa cadette. Elle prit son envol et regagna le ciel Pour retourner là-bas où la terre s'arrête. Les choix de notre vie sont parfois cornéliens. Les raisons pour lesquelles notre coeur s'enflamme Font que dans le dilemme on s’éloigne des siens, En perdant bien souvent, une part de notre âme.



Poème posté le 09/05/16


 Poète
Maninred



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