Jour de fête
par Opus
Il y avait des robes de mousseline blanche. Il y avait du soleil sur la place de l'église et nous étions tous là, en grappes joyeuses. Il y avait des visages d'ange, des franges brunes et des papillons dans les cheveux. Il y avait aussi la voix de tante Jeanne et les souliers vernis de l’oncle Benjamin qui craquaient. On s’embrassait, on riait, on parlait beaucoup.
Après la cérémonie on se réunirait dans la grande salle à manger. La nappe blanche serait mise et on aurait sorti les assiettes des jours de fête. On ferait passer des plats ovales, chargés de couleurs et de saveurs oubliées. Il y aurait du lapin en civet dans une sauce aux cèpes. La même que je crois avoir retrouvée bien des années plus tard, avec une rare émotion, dans un restaurant parisien. Puis il y aurait la pièce montée avec les choux à la crème.
Les messieurs prendraient le café sur la terrasse. Les dames parleraient de layette, de premiers pas et de profonds contentements. On s’extasierait, on évoquerait des ressemblances et quelques anciennes heures de gloire. Et puis on danserait.
C’était le temps des premiers émois, des seins à peine effleurés sous les corsages. C’était un dimanche de la vie. On ne savait pas qu’on était heureux. Le temps a passé. Les images ont jauni. Et parfois je me souviens.
Poème posté le 12/09/16
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