Chers anagnostes :
par Salus
Lecteurs rares et précieux,
Mon espoir, mon Graal, mes cieux,
Vous ! Mesdames et Messieurs,
Dont le docte lire sauve
La fureur de mon vers fauve
Qui se livre et se délove,
Vous, visiteurs avertis
Lisant ces laïus sertis,
Pensez qu’une fois sortis
De vos têtes, mes mots bêtes
Seront promis aux défaites,
Jamais plus lus, obsolètes !
Poignée, Ô ! Vous qui voyez
Dans les dessins dévoyés
De mes chants, au web noyés,
Quelque élégance, peut-être,
Quelque sens joliment traître,
Dans le mur, une fenêtre ?…
… Le travail poindre en dessous
Du rondeau de mes dits doux,
Ave ! Love ! Et vive vous !
Sur les doigts des mains, je compte
Qui préempte chaque conte
Que j’invente - et j’en ai honte !
Quatre amis de Mérimée,
Qui d'eux-mêmes ont rimé,
Au miroir se sont mirés !
Vous m’êtes bonheur et joie,
Horizon, soucis, feu, voie !
Grâce à vous, ma vie est soie…
Le succès m’est interdit ;
C’est drôle ! Je suis maudit ;
Hors vous, tous m’auront médit !
Pour long, j’irai, gros d’un livre,
N’aurai pas l’or qui délivre,
L’or ! La reconnaissance ivre !
Quelques labadens m’ont lu,
Certains, presque, m’ont élu,
Devant eux mon âme a mû !
La langue est chose subtile,
Littérateur inutile,
Ta tour d’ivoire, et ton île,
Crachent la vulgarité,
Cachent la publicité,
Prêchent la facilité :
Cœur mondain, gastéropode,
Toujours sensible (!) à quelque ode,
Je me cache ! à l’antipode.
La chance infime de l’heur
Que je sorte, me fait peur,
De l’anonymat la fleur
De ma chaste poésie
Dans les fastes de la vie ;
Ne la courir ? Aphasie !
Car écrire est « pariétal »
Et le « Coffret de Santal »
Dit le gratuit du mental
Puis l’amour élémentaire
D’un qui ne peut pas se taire
Et soupire, littéraire,
D’universelle façon !
- Déjà, petit enfançon,
J’aimais la rime et le son,
La profondeur des poètes,
Leurs sommets et leurs défaites,
Et la sensation des faîtes !
Poème posté le 05/03/17