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La France succulente
par Rimatouvent


Un philosophe réaliste Je crois qu’il en reste encore un Qui bien sur était hédoniste Désirait le bien de chacun. Il voulait découvrir un sujet susceptible De rassembler les goûts, les penchants collectifs De frotter plaisamment une corde sensible De remuer, les mous, les dormeurs, les passifs. Pour réunir pas de mystère Il suffit d’intérêts communs Trouver des sujets terre à terre Convenant à tous les humains On avait autrefois, mais cela disparut, Pour la table gourmande un peu d’affinité Or l’industrie fixa au goût un autre but Fabriquer des saveurs dans l’uniformité. Revenons donc à nos grand-mères Dont les talents étaient discrets A Leurs recettes sans commères Car tout était dans le secret. Les produits du jardin ou bien du voisinage Avaient cette fraicheur propre à chaque terroir Certes on prenait son temps pour peaufiner l’ouvrage Laissant au sablier assez de nonchaloir. Et considérant les saisons S’excluait la tarte aux cerises Quand les fruits n’étaient qu’en bourgeons La nature gardant sa maîtrise. Or la géographie ayant son importance Les fruits de mer étaient les joies du littoral On aimait le foie gras qui dans sa succulence Était au Périgord, en Alsace, sans égal. Mais les mets troublant les papilles Etaient dans les arts régionaux Sans labels et sans estampilles On savait dompter les fourneaux. Et des cocottes ayant souvent le cul noirci Saisissaient dans le beurre une pièce gourmande Un poulet de la Bresse ou un perdreau farci Quand le chasseur avait exaucé la demande. Où sont les mamies, les tatas, Qui devant une cuisinière Préparaient de si bons repas Que la famille en était fière On attendait l’anniversaire ou une fête Pour demander à la cuisine un doux festin Civet, gigot, Dinde aux marrons, oiseaux sans tête Avec quelques girolles cueillies dès le matin. Cette cuisine s’analyse Et se démode maintenant La bouffe s’industrialise Le goût va se standardisant. Il reste bien encore un fond de gastronomes Et quelques cuisiniers localement actifs Mais le dieu marketing nous prenant pour des pommes Propose ses appâts à prix prohibitifs Le mélange devient le roi, La cuisine télévisuelle Se présente comme la loi Venant régner sur la gamelle. Et le comble de tout, l’incroyable sottise Est que voulant prétendre à l’exquise saveur On vend une portion qui se ridiculise Au prix décourageant l’humble consommateur. Car tous les nantis affamés Qui prennent d’onéreux repas En des macarons proclamés Sont-ils seuls palais délicats ? Est-ce l’argent qui doit vous façonner le goût Ou cette éducation qui vous apprend la vie Nulle complexité ne vaudra un ragout Dont l’odeur sur le feu forge déjà l’envie. Ne mettons pas de l’exotisme Là ou il n’apportera rien, N’imposons pas le modernisme S’il n’est pas la source d’un bien Pour la gastronomie ayons de la raison La qualité n’est pas ce que commerce impose Il existe toujours des plats à la maison Qu’un exquis tablier à notre goût propose.



Poème posté le 06/05/17


 Poète
Rimatouvent



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