Le rire est un atout pour séduire le lecteur
Plus d’un tour dans le sac est source de détente
L’attention se tient aisément en attente
Si quelque trait d’esprit rend le texte farceur.
Le comique parfois rencontre son censeur
La blague répétée étonne et mécontente
On ne peut imposer à l’âme tourmentante
Un fait dont le ressort ne plait qu’au spectateur.
Mais la plume qui peut amener la gaité
Sait aussi du talent montrer la qualité
Animant des humains les rouages du cœur
Et l’écrit de Boileau veut-il trop de rigueur ?
« Dans ce sac ridicule ou Scapin s’enveloppe
Je ne reconnais plus l’auteur du Misanthrope.» (1)
Ah ! Critiquer Boileau ! Vous allez m’en vouloir
Car son art poétique est une référence
Je ne suis qu’un nabot au talent d’indigence
Et je me vois soudain en vos avis déchoir.
Mais Poquelin peut bien avoir un nonchaloir
Qui de farces anciennes a gardé souvenance
Commedia dell'arte a eu son importance
La gaité populaire était signe d’espoir.
L’homme est il désireux d’une excessive ardeur
Le sérieux doit-il avoir cette vigueur
Que le « législateur du Parnasse » ose écrire.
Faudrait-il à la farce ôter son droit de rire ?
Despréaux, dans un sac, notez le s’il vous plait,
Même le philosophe trouve ce qui distrait.
(1) Boileau : L’Art poétique.
(2) Nicolas Boileau, dit aussi Boileau-Despréaux,ou encore le « législateur du Parnasse » (1636 -1711)