Fable de la jeune épousée
par Marcek
Vivait en Italie, dans un petit village,
Une adorable enfant, une fillette sage,
Qui passait ses journées à câliner l’oiseau
Qu’un jour, elle avait eu de son père, en cadeau.
Hélas, ce bel oiseau,(c’était une colombe)
N’avait jamais chanté car, tout près de la tombe,
Une peur violente avait privé l’oiseau
De cette douce voix qui rend son chant si beau !
Mais à force de soins, de baisers, de caresses
Prodiguées par l’enfant, (avec quelle tendresse)
A son oiseau chéri, un beau jour, il advint
Que la colombe amie poussa son doux refrain !
Je vous laisse à penser la joie de la fillette :
Qui, flattant son jabot, lui embrassait la tête,
Et plus elle flattait le plumage soyeux,
Et plus l’oiseau charmant offrait ses chants joyeux.
Ainsi passent les jours, de câlins en chansons…
La fillette grandit, et quelques fiers garçons
Commencent à tourner autour de la donzelle,
Devenant un beau jour, divine demoiselle.
Un jeune homme bien né, fils d’un riche fermier,
Trouvait la douce Aline (agréable à nommer),
Tout à fait à son goût. Un jour, il déclara
A la belle, sa flamme et elle l’agréa…
Nos jeunes tourtereaux, autant que beaux oiseaux
Roucoulaient de concert, leurs deux coeurs en berceau
Tant, qu' il fallut bientôt penser au mariage,
Car les deux amoureux devenaient bien peu sages !
Les noces furent faites, on s’amusa beaucoup.
La mariée rêvait de cet ardent époux
Et songeait, langoureuse, à cette nuit câline
Et tendre, consacrée aux plaisirs qu’on devine…
Enfin les deux époux se retrouvèrent nus,
Eblouis et heureux, mais tous deux très émus.
Le garçon contemplait les doux trésors d’Aline
Qu’il allait honorer en cette nuit divine.
Mais l’émotion, hélas, lui ôta ses moyens :
Il se sentit faiblir et mollir tout soudain,
Et Aline, surprise et toujours innocente
Lui demanda « Amour, pourquoi cette épouvante ? »
Son époux, tout tremblant, n’osait lever les yeux.
Il se sentait pourtant follement amoureux
Et ne savait comment expliquer à sa belle
Qu’un membre ramolli ne sert guère à l’affaire !
L’esprit vient vite aux femmes, comme vous l’allez voir :
Au lieu de s’effarer, de perdre tout espoir,
La mignonne songea aux soins si salutaires
Prodigués à l’oiseau qu’elle choya naguère.
Elle prit dans sa main l’oiseau du pauvre époux
Et lui donna des soins, propres à rendre jaloux
Le bel oiseau défunt. Elle s’en occupe donc,
En lisse le satin avec ses doigts mignons.
Elle le mignote tant, le prenant dans sa bouche,
Qu’à un certain moment, voici qu’elle s’effarouche
Car, un sursaut violent provenant de l’engin
Qu’elle choyait si bien, (s’aidant aussi des mains)
Arrache de ses lèvres ce bel oiseau ardent
Qui, enfin requinqué, reprend le mors aux dents.
Mais elle comprend vite que ce bel oiseau là
Ne va pas s’endormir et s’apprête aux ébats.
Car le voilà qui chante, et veut rentrer au nid
Dans la douce toison, il se cherche un abri:
Pénètre doucement par une fente étroite,
Et toc, le voilà pris en une douce boîte.
L’oiseau y trouve là un abri si douillet
Qu’en aucune façon il ne veut le quitter.
Mais la belle, ravie, tant et tant se trémousse
Que le voilà, penaud, retombant sur la mousse.
Mais qu’à cela ne tienne, elle connaît son fait,
Rien ne peut effrayer notre jeune épousée
Qui, goûtant au plaisir pour la première fois
Trouve que c’est plus qu’ agréable, ma foi !
La voilà prodiguant de nouvelles caresses,
Et l’oiseau obéit à sa chère maîtresse,
Et un vaillant envol à nouveau se produit,
Laissant nos deux amants éperdus, éblouis !
Ainsi, passe la nuit et s’écoulent les heures,
La jeune mariée repense avec bonheur
A cette douce amie qui lui avait appris
Comment faire renaître un oiseau à la vie !
Poème posté le 01/12/17