Bonjour l’en-coquillé déjà à la cueillette
Disait à l’escargot une Bergeronnette
Madame vous aurait elle d’une façon subite
Envoyé au marché en vous sortant du gîte.
Elégante emplumée, indiscret volatile,
Nous sommes hermaphrodites la chose est plus facile
Il n’y a pas de sexe au club du limaçon
Il suffit de se faire ou fille ou bien garçon
Avant de décider quelques batifolages
Être monsieur ou dame a bien des avantages.
Mais ignorant si vous mangez mes congénères
Je reste en ma coquille évitant vos colères.
Ne craignez rien la bête aux rondeurs spiralées
Les cagouilles par moi ne sont point avalées
Mais dite moi pourquoi si tôt dans le matin
Vous fouillez les allées de ce plaisant jardin.
Gosier, dont le chant est ami du soleil,
Je me méfie toujours et restant en éveil
Je viens voir si d’aucun cueillant ail et persil
Ne vise d’escargots la Saint Barthélemy.
Si le cueilleur est là je me terre en reclus
Attendant qu’il se lasse et change son menu.
Et pourquoi je me meus dès le "poitron-jacquet" (1)
Il suffit de savoir qu’en érudit complet
Je me fie aux anciens et respecte l’adage
Affirmant qu’il n’y a, pas d’heure pour les baves !
Moralité :
Fable du samedi n’est que petite intrigue
Car en fin de semaine on sent bien la fatigue
Et si vous n’aimez pas du poème le ton
Je retourne en mon lit pour compter mes moutons.
(1)
Dès potron-minet :
La locution d’origine (1640) serait dès le poitron-jacquet (« dès l’aube »). Elle était composée de l’ancien français poitron, du latin vulgaire posterio (arrière-train, cul), accompagné de jacquet, nom de l'écureuil. Elle signifiait donc littéralement « dès que l’on voit poindre le derrière de l'écureuil ».On trouve ensuite dès potron-jacquet (ou dès potron-jaquet), puis dès potron-minet, par substitution de jacquet par minet (« chat »)