J'ai croisé ce matin dans la Ruelle d'Or
Le Golem égaré qui guettait les étoiles.
Elles étaient tombées, espièglerie du sort,
Entre les mains d'un peintre encombré de ses toiles.
J'ai voulu m'envoler sur les toits du Château,
Mais le ciel avait pris d'assaut la Cathédrale
Avec tant de fureur que tournoyaient là-haut
Les orages d'été et la neige hivernale !
J'ai narré l'épisode aux statues du vieux pont
Qui ont ri franchement de ma mésaventure !
J'ai décidé d'aller me terrer tout au fond
De l'île de Kampa, là où l'ombre est plus pure.
D'un seul bond j'ai franchi la rive avec ses tours,
L'inflexible Jan Hus me toise et m'invective,
Me promet mille enfers et décompte mes jours
D'une voix de brasier que le silence avive.
L'Horloge Astronomique au gosier de métal
Sonne midi, tandis qu'un baladin athlète
Fait danser les rayons d'un soleil de cristal
Sur le nez des passants où la brise s'arrête.
L'athlète baladin me dépasse en courant
Et criant au voleur, au scandale, au tragique :
Son soleil de cristal ébouriffe le vent,
Cherchant où est cachée la Lanterne Magique.
La place Venceslas garde le soir captif
De la brume en-allée, de sa longue cambrure
Et de cet air toujours grave et méditatif,
Car il reste en ces lieux un douloureux murmure.
Le peintre est là, soudain il me saisit le bras :
Le Golem a surgi, c'est de nous qu'il s'approche,
Le doigt pointé sur moi, l'œil mauvais, glauque et bas ...
- Il y a une étoile endormie dans ma poche !
Prague aux mille-et-un mystères,<br />
ville où j'ai flâné,<br />
ville que j'ai beaucoup aimée,<br />
ville que j'ai tant rêvée ...<br />